Gabon : « Landry Washington a été condamné non parce qu’il est un opposant mais parce qu’il a commis un délit » (magistrat)

Landry Washington sera jugé en appel le 13 janvier prochain © DR

Ce matin sur RFI, Maître François Méyé, l’avocat du cyber-activiste Landry Washington, qui a bénéficié hier, lundi 6 janvier, d’une mesure de remise en liberté, a déclaré que son client avait été condamné en 2016 en raison de « sa qualité d’opposant et d’activiste ». Une « exagération mensongère » lui répond, un magistrat qui connait parfaitement le dossier. 

« Nous redoutons que M. Landry Amiang Washington soit à nouveau condamné parce qu’il a sa qualité d’opposant (et) d’activiste », a déclaré sur RFI ce matin son avocat, Maître François Méyé.

Pour ce magistrat qui officie à Port-Gentil, il s’agit tout bonnement d’une « exagération mensongère », voire « d’une tentative de pression » sur la Cour d’appel dans la perspective du procès en appel fixé au 13 janvier prochain (lire notre article).

« Si M. Landry Amiang Washington a déjà été condamné (à trois ans de prison, dont quatre mois avec sursis en 2016, NDLR), ça n’est pas parce qu’il est un activiste ou un opposant mais parce qu’il a été reconnu coupable d’outrage au chef de l’État et incitation à la révolte populaire, qui sont des délits pénalement répréhensibles », rappelle celui-ci, très au fait du dossier.

Une petite pique au passage à RFI

« L’infraction était caractérisée. Les preuves matérielles étaient d’ailleurs très nombreuses », poursuit le juge, indiquant que « sur son blog et dans des vidéos diffusées sur YouTube, il avait traité M. Ali Bongo, le chef de l’Etat, de voleur et d’imposteur et appeler les Gabonais à s’unir pour le chasser du pouvoir. » « Or », fait-il observer, « la liberté d’expression ne va pas jusqu’au droit de diffamer publiquement les personnes, en particulier le chef de l’Etat, et créer des troubles à l’ordre public. »

Au passage, le juge, qui reconnait « qu’il y a eu un problème avec la durée de la détention de l’activiste », regrette « que le reportage de RFI ne reflète qu’un seul point de vue », celui de l’avocat de M. Washington. « Il me semble que faire du journalisme, c’est donner le point et le contre point de vue, comme disait un certain Pierre Lazarreff, qui demeure uen référence en la matière ». Une pique à l’encontre de la radio souvent coutumière du fait (lire notre article) et régulièrement indexée son parti pris pro-opposition (lire notre article).

L’outrage au chef de l’Etat moins sévèrement puni au Gabon qu’au Sénégal ou au Bénin

Et le juge de rappeler que « ceux qui appellent à l’affermissement de l’Etat de droit ne doivent pas oublier que si personne ne doit être au dessous des lois, personne non plus ne doit également être au dessus des lois. »

Pour rappel, si l’outrage au chef de l’Etat est un délit au Gabon, il est toutefois moins sévèrement puni que dans nombre de pays d’Afrique, notamment au Sénégal (lire notre article) ou au Bénin où les législations sont particulièrement sévères comme l’a montré l’actualité en cette fin d’année (lire notre article).