En matière d’offense au chef de l’Etat, le Sénégal est beaucoup plus répressif que le Gabon

Le président gabonais Ali Bongo a reçu son homologue sénégalais Macky Sall le 26 mai dernier à Libreville © DR

Un ancien journaliste sénégalais, très critique à l’égard du président Macky Sall, a été placé en garde à vue lundi puis déféré devant le parquet mardi pour « diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs » et « offense au chef de l’Etat ».

En matière de respect dû au chef de l’Etat, le Sénégal, réputé être l’une des démocraties les plus exemplaires en Afrique, ne rigole pas.

Adama Gaye, qui se présente comme un militant pour la « justice, la transparence et le progrès » après avoir été journaliste dans plusieurs médias, a été interpellé lundi matin à Dakar par la Division des investigations criminelles (DIC, police judiciaire), qui lui reproche la « diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs » et l’accuse d’ « offense au chef de l’Etat ».Il a été déféré mardi au parquet. Le procureur dispose d’un délai de quatre jours à compter de lundi soir pour décider d’une éventuelle inculpation.Selon la presse locale, Adama Gaye est poursuivi à la suite de récents posts sur Facebook sur la vie privée du chef de l’Etat sénégalais.

Cette affaire illustre la sévérité dont fait preuve le Sénégal, pays considéré comme l’un des plus démocratiques en Afrique, en matière d’offense au chef de l’Etat.

Une attitude qui tranche avec la situation qui prévaut au Gabon où ces derniers mois des responsables publics de premier plan ont répandu des fake news, dont certaines particulièrement graves, au sujet de la santé du président Ali Bongo Ondimba.

Depuis plusieurs semaines, les autorités gabonaises semblent décidé à rompre avec une forme de laxisme et mettre un terme à cette situation d’impunité.

Les responsables publics qui répandent des fausses nouvelles sont désormais sous le coup d’une action en Justice. Quant aux médias qui les relaient sans faire preuve de professionnalisme, c’est à dire sans avoir vérifié ou recoupé de tels propos, ils encourent également des sanctions.

« La liberté d’expression au Gabon ne va pas jusqu’à raconter n’importe quoi, surtout quand cela peut porter atteinte aux institutions et créer des troubles graves à l’ordre public », rappelle-t-on du côté du ministère de la Justice.