Journaliste d’investigation condamné à 18 mois de prison ferme au Bénin : impensable au Gabon

La liberté de la presse n'est pas garantie avec une égale intensité partout en Afrique © DR

La justice béninoise a condamné mardi 24 décembre un journaliste d’investigation à 18 mois de prison ferme et 200 000 francs CFA d’amende pour des posts sur les réseaux sociaux. Impensable au Gabon où la liberté de la presse est l’une des mieux garanties sur le continent africain. 

Le journaliste Ignace Sossou a été condamné suite à une plainte du procureur de la République, qui l’accuse d’avoir sortis de leur contexte des propos qu’il a tenus lors d’un atelier organisé par Canal France International à Cotonou, sur « l’infox ».

Ignace Sossou a été jugé en comparution immédiate, cinq jours après son interpellation. Son avocate a dénonce une justice « expéditive  » et un jugement « illégal », la peine maximale encourue en pareille circonstance par le Code pénal béninois étant de 12 mois maximum.

En Afrique, la liberté de la presse est inégalement garantie selon les pays. Certains, qui jouissent d’une relative bonne image à l’international, comme le Bénin ou le Sénégal, sont particulièrement sévères en matière de délit de presse.

D’autres, en revanche, font preuve d’une plus grande mansuétude. C’est le cas du Gabon où la presse en ligne, malgré ses excès et un manque de professionnalisme, jouit d’une grande liberté. Les sanctions dont elle n’est que ponctuellement l’objet se bornent à des suspensions temporaires ou des retraits, tout aussi limités dans le temps, d’accréditation.

« Au Gabon, les médias sont largement libres. Beaucoup plus que dans 90 % des autres pays d’Afrique », commente un ex-dirigeant de Reporters sans frontière. « C’est un fait peu relevé mais les médias y sont beaucoup moins censurés par exemple qu’au Sénégal, pourtant réputé être l’un des pays d’Afrique francophone les plus démocratiques », ajoute-t-il.

Ce qui n’empêche pas nos confrères de crier bruyamment à l’injustice et à l’atteinte à la liberté d’expression. « Il ne mesure pas la chance qu’ils ont », sourit un journaliste gabonais qui a travaillé quinze ailleurs en Afrique centrale et de l’Ouest.

Pour rappel, dans le classement des dix pays au monde où la presse est la plus censurée,  figurent deux pays africains : l’Érythrée en première position et la Guinée équatoriale à la 8ème place (lire notre article).