Fake news : non, la mesure visant à réduire légèrement et progressivement le salaire des fonctionnaires n’est pas encore entrée en vigueur au Gabon

La distribution des bons de caisse aux fonctionnaires gabonais a débuté mardi 17 juillet 2018 à Libreville et dans le reste de la province de l'Estuaire © DR

La décote, légère et progressive, sur le traitement des fonctionnaires décidée par le gouvernement gabonais fin juin n’est pas encore entrée en vigueur. Pourtant, plusieurs médias, relayant des rumeurs courant sur les réseaux sociaux, relaient de fausses informations à ce sujet. Les pouvoirs publics appellent à la responsabilité et à la vigilance. 

Des rumeurs malveillantes destinées à saper les efforts du gouvernement pour rationaliser les effectifs au sein de la fonction publique. C’est ainsi que beaucoup au Gabon analysent les fausses informations qui circulent depuis 24 heures sur les réseaux sociaux. Des « fake news » tentant d’accréditer l’idée selon laquelle des fonctionnaires entrés en possession de leur bon de caisse auraient constater une réduction de leur salaire, ainsi que la suppression de certaines de leurs primes.

Problème numéro un, la mesure de réduction de salaire des fonctionnaires qui a été décidée par le gouvernement réuni en conseil des ministres fin juin n’est pas encore entrées en vigueur. Seul le principe en a été acté. Par ailleurs, cette mesure ne concerne pas les rémunérations inférieures à 650.000 francs CFA ; pour les autres, la décote sera à la fois légère (5 % à 15 %) mais surtout très progressive (les décotes de 10 à 15 % ne concerneront en réalité qu’un pourcentage très faible de rémunération parmi les plus élevée), fait-on observer au ministère de la Fonction publique.

Problème numéro deux, il n’a nullement été question de raboter les primes des fonctionnaires.

Pourtant, sur les réseaux sociaux, de supposés témoignages de fonctionnaires faisant part de réduction de leur salaire jusqu’à 50 % ce mois-ci pullulent. « Ce sont de fausses nouvelles », s’insurgent plusieurs sources au sein de l’administration. « Tout cela sert à sans doute à exciter les tensions chez les fonctionnaires pour les amener à se révolter contre les mesures du gouvernement. C’est proprement irresponsable. Nos concitoyens doivent être vigilants », dit-il.

Plusieurs médias piégés

Pire, plusieurs médias se laissent (volontairement ou non) piéger, relayant des témoignages de fonctionnaires (forcément tous anonymes) à qui l’ont aurait ici supprimé 50 % de la rémunération ; là, certaines de leurs primes, etc. « Ces témoignages, tous anonymes, sortent sans doute de l’imagination des journalistes ou de leurs sources syndicales », confie dans un sourire entendu un journaliste gabonais très expérimenté à qui « on ne l’a fait pas ».

En off, plusieurs sources accusent certains syndicats de fonctionnaires et une partie de l’opposition radicale de diffuser ces faux-témoignages et ces fausses informations pour tenter de faire reculer cette mesure, quitte à susciter les craintes, voire attiser la violence.

Reste cependant la réalité. Le Gabon compte un nombre important de fonctionnaires, dont certains purement fictifs qui bénéficient d’une rémunération chaque mois. Sans doute les bénéficiaires de ces traitements n’ont-ils pas intérêt à ce que le fichier de paie de la fonction publique soit nettoyé, ce que permet justement la mesure de mise sous bon de caisse décidée par le gouvernement (lire notre précédent article).

Cette situation explique sans doute le triste record détenu jusqu’à présent par le Gabon : 55 fonctionnaires pour 1000 habitants (contre 12 seulement au Cameroun voisin). Conséquence : le salaire des fonctionnaires engloutit chaque mois 57 % des recettes fiscales du pays. Autant d’argent en moins pour les dépenses d’investissement et les dépenses sociales dont les Gabonais ont besoin.

La semaine dernière, la Banque africaine de développement (BAD) puis la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) ont apporté coup sur coup leur soutien au gouvernement gabonais pour les mesures prises en vue de permettre un retour à l’équilibre des comptes publics du pays. Des mesures qui sont citées en exemple dans d’autres pays de la sous-région, comme cela a été le cas au Congo-Brazzaville de la part de l’opposition.