La BAD satisfaite des mesures prises par le Gabon pour rééquilibrer ses comptes publics

Dr. Akinwumi Adesina, le directeur de la Banque africaine de développement (BAD) © facebook.com/AdesinaAFDB

La Banque africaine de développement est satisfaite des mesures prises par les autorités gabonaises afin de permettre au pays de retrouver l’équilibre de ses comptes publics. C’est en tout cas ce que confient plusieurs économistes de cette institution panafricaine. Pour le gouvernement gabonais, c’est un encouragement à poursuivre les réformes destinées à réduire le train de vie de l’Etat et assainir les finances publiques.

Il était temps. C’est en substance le commentaire général fait par plusieurs économistes de la BAD interrogés sur le plan de réforme du gouvernement gabonais visant à rééquilibrer les comptes du pays.

« L’endettement du Gabon a atteint, en 2017, 55 % du PIB », rappelle l’un d’entre eux. « Et le fardeau de la dette continue de se creuser puisque l’année dernière, le déficit du pays s’élevait à 2,7 %. Il était grand temps que les autorités réagissent », confie-t-il.

L’un de ses collègues, économiste comme lui à la BAD, précise que « le problème réside surtout dans le fait que le service de la dette, c’est à dire son remboursement, engloutit 59 % des recettes fiscales du pays. Ce qui représente un montant astronomique », fait-il observer.

« C’est autant d’argent en moins pour les dépenses d’investissement, comme la construction des infrastructures qui sont nécessaires à un pays jeune et en développement comme le Gabon, ainsi que pour les dépenses sociales en matière d’éducation, d’emploi, de santé, de logement, etc., qui sont indispensables pour la population », observe-t-il.

« L’Etat gabonais dépense trop et cela ne bénéficie pas à la population »

Un troisième économiste interrogé se réjouit, lui, du fait que « les mesures prises cette fois-ci ne sont pas cosmétiques mais structurelles. Ça n’est pas de l’affichage, au contraire, on rentre dans le dur », se réjouit-il.

« L’Etat gabonais dépense trop et cela ne bénéficie pas à la population car l’essentiel des ressources publiques servent, outre à rembourser une dette toujours plus importante, à financer les importantes dépenses de fonctionnement qui ne sont pas toutes – loin de là – utiles. D’ailleurs, une bonne partie de celles-ci est constituée par les salaires des fonctionnaires dont le nombre est bien trop élevé compte tenu de taille de la population. Tenez, entre le Gabon et le Cameroun voisin, il y a un rapport de 1 à 5. C’est à dire que pour un fonctionnaire camerounais, vous avez cinq fonctionnaires gabonais. C’est beaucoup trop », déplore-t-il.

Pour ces trois économistes, la grande vertu des réformes menées actuellement par le gouvernement gabonais n’est pas seulement comptable ; elle est aussi culturelle. « Le Gabon avait besoin d’un changement de mentalité. Les Gabonais ne doivent pas tout attendre de l’Etat. En particulier, ça n’est pas à l’Etat de créer des emplois. C’est au secteur privé, aux entreprises de le faire. L’Etat doit les accompagner en créant un cadre propice à leur épanouissement. Chacun son rôle », fait observer l’un d’entre eux.

« Le gouvernement se heurtera sans doute aux corporatismes des syndicats, qui veulent que rien ne change. Mais ça n’est pas possible de continuer ainsi. C’est la raison pour laquelle le gouvernement doit persister », conclut l’un des économistes interrogés qui rappelle que « réformer ce fait toujours au risque de l’impopularité ».