Secteur forestier : Le Gabon durcit le ton dans la lutte contre l’exploitation illégale et la corruption

Le ministre gabonais de l'Environnement et des Forêts, Lee White, lundi 18 novembre © DR

Lundi 18 novembre à Libreville, le ministre des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan Climat et du Plan d’Affectation des Terres, Prof. Lee White, a de nouveau rencontré les opérateurs économiques et les représentants des syndicats du secteur forêt-bois.

A cette occasion, le ministre, un fervent défenseur de l’environnement nommé au gouvernement en juin dernier, a décliné sa stratégie pour éliminer les pratiques d’exploitation illégale et de corruption dans le secteur forestier, mettre en place un système de traçabilité du bois fabriqué au Gabon, mais aussi redynamiser ce pan important de l’économie nationale.

« Il s’agit de combiner le nécessaire respect de l’environnement avec le souci légitime de la croissance économique qui permettra de créer des emplois », explique un responsable du ministère.

Car, au-delà de l’enjeu environnemental, cher à M. White, le Gabon entend bien s’appuyer sur son secteur bois pour poursuivre sa stratégie de diversification économique afin de rendre son économie davantage inclusive, autrement dit créatrice d’emplois.

Lors de l’échange entre le ministère et les parties prenantes dans le secteur forestier les questions de « la meilleure participation des nationaux au développement de la filière bois, l’accès aux formations visant à renforcer les compétences professionnelles et la mise en place de normes nationales pour faciliter les mutations de la filière » ont été abordées, précise le communiqué sanctionnant la rencontre.  

Le bois, l’un des piliers de l’économie gabonaise

En dix ans, le Gabon est passé d’exportateur de grumes bruts à importateur d’essences précieuses en provenance d’Asie pour les transformer sur place (lire notre article). C’est en 2010 en effet que le président Ali Bongo a décrété l’interdiction de l’exportation des grumes bruts. Ceux-ci doivent désormais subir plusieurs transformations localement avant de pouvoir être envoyés à l’étranger. Résultat : le nombre d’usines de transformation du bois au Gabon est passé de 80 à 155 entre 2009 et 2018, selon les dernières statistiques du ministère de la Forêt.

Représentant 60 % du PIB (hors hydrocarbures), le secteur forestier est l’un des piliers historiques de l’économie du Gabon, un pays recouvert à près de 80 % par la forêt. Il est aujourd’hui le deuxième fournisseur d’emplois dans le pays avec 10 000 postes, derrière la seule fonction publique.

Lutter contre la gangrène de la corruption (Ali Bongo Ondimba, 8 juin 2019)

Le président Ali Bongo Ondimba a fait de la lutte contre la corruption, qu’il avait qualifié de gangrène, le thème principal de son discours du 8 juin dernier lors de la célébration du dixième anniversaire de la mort de son père, feu le président Omar Bongo Ondimba (lire notre article). Un discours prononcé un mois après l’éclatement du scandale de l’exportation illégale du kevazingo, une essence précieuse, pour lequel le numéro un gabonais avait demandé la plus grande fermeté. Plusieurs hauts-fonctionnaires avaient alors été suspendus. Le vice-président, Pierre-Claver Maganga-Moussavou, et le ministre des Forêts de l’époque, Guy-Bertrand Mapangou, avaient, eux, tous deux étaient limogés.