Gabon : Pour son premier véritable discours depuis son probable AVC en octobre dernier, Ali Bongo déclare la guerre à la corruption et prône la rupture avec la nomination d’un nouveau gouvernement plus resserré

Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba © DR

Le chef de l’Etat gabonais a fait un discours, long de huit bonnes minutes, diffusé ce samedi soir à la télévision et à la radio gabonaise. 

C’est un Ali Bongo authentique qui est apparu ce soir à la télévision. D’abord pour rendre hommage à son défunt père, disparu il y a dix ans. Ensuite, pour s’adresser aux Gabonais.

Le débit est certes encore très légèrement emprunté mais que de progrès depuis son dernier discours. C’était le 31 décembre dernier, à l’occasion des vœux à la Nation. Le président gabonais s’était alors contenté d’un message de deux minutes.

« Nous avons voulu montrer le président tel qu’il est. Il n’y a rien à cacher. On gagne toujours à être transparent », indique une source à la présidence. De fait, le discours, long de huit bonnes minutes, enregistré en audio et en vidéo, n’a pas fait l’objet de coupes, comme c’est parfois le cas.

Sur le fond, le ton du président est inhabituellement offensif. Parfois sévère même lorsqu’il parle de la corruption. « Ceux qui s’y adonnent », a-t-il tonné, « seront sèchement écartés ». Allusion probablement au limogeage récent du vice-président et du ministre d’Etat chargé des Eaux et Forêts dans le cadre du Kevazingogate.

Surtout, déplorant l’attitude de la classe politique (« qui ne pensent qu’à ses intérêts personnels »), le président gabonais a appelé à une rupture en matière de gouvernance.

Grande annonce de ce discours, le numéro un gabonais a demandé au premier ministre, Julien Nkoghe Bekalé, de former au plus vite un nouveau gouvernement plus « resserré » avec des personnalités « compétentes » et « intègres ».

Souhaitant que l’action publique retrouve son efficacité et produise des résultats à long terme comme à court terme, le chef de l’Etat gabonais a une nouvelle fois insister sur l’emploi, qu’il considère comme la mère des réformes.

Un dernier point, anecdotique celui-là : avec ce discours, Ali Bongo a sans doute définitivement enterré le débat sur la vacance du pouvoir présidentiel au Gabon.