Jouer sur deux tableaux : la stratégie du Gabon pour retrouver l’équilibre de ses comptes publics (1)

Les membres du gouvernement gabonais lors du compte rendu des conclusions de la task force sur les finances publiques en juin 2018 à Libreville © DCP

Pour redresser les comptes publics du pays, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, entend jouer sur deux tableaux : optimiser les dépenses de fonctionnement et lutter contre la corruption afin de limiter l’évaporation des fonds publics. Explication. 

Les mesures annoncées par le gouvernement lors des deux derniers conseils des ministres, consécutives aux travaux de la task force sur les finances publiques, visent essentiellement à optimiser les dépenses de fonctionnement, dont le principal poste est constitué par le traitement des fonctionnaires.

Une fonction publique pléthorique puisque le pays compte 100 000 agents publics pour 1,8 millions d’habitants, soit un ratio de 55 fonctionnaires pour 1000 habitants. Un record. A titre de comparaison, le Cameroun voisin, pays de 22 millions d’habitants, compte 13 fonctionnaires pour 1000 habitants.

Outre l’aspect quantitatif, la fonction publique gabonaise souffre d’un manque de productivité. Le taux d’absentéisme y est particulièrement fort et le nombre d’heures travaillées ne correspond pas au nombre d’heures officiellement payées.

C’est pourquoi au Gabon, paradoxalement, la baisse du nombre de fonctionnaires pourrait aboutir à une meilleure qualité de service. La clé réside en effet dans l’amélioration du taux de présence, ainsi que dans la hausse de la productivité au sein de la fonction publique.  

Concurremment, Ali Bongo Ondimba a annoncé une série de mesures visant à réduire les dépenses publiques au sommet de l’Etat. L’exemple doit venir d’en haut, répète-t-on au sein de son entourage. C’est le sens de certaines des décisions prises lors du conseil des ministres du 29 juin, telles que la diminution à l’avenir de la taille du gouvernement, la réduction de 10 à 15 % des rémunérations les plus élevées au sein du secteur public, l’interdiction de voyager en classe affaire pour toute une catégorie de personnel, ou encore l’impossibilité d’acheter des véhicules de luxe (dont le prix est supérieur à 30 millions de francs CFA).

Bien d’autres mesures d’économies sont envisagées afin de permettre une réduction de la dette publique, la suppression des déficits, ou encore l’amélioration de l’efficacité du système fiscale.

De l’avis de certains experts, il s’agit d’un effort sans précédent. « Pour la première fois, le Gabon se donne réellement le moyen de ses ambitions« , dit l’un d’entre eux.

Dans l’esprit des autorités gabonaises, la réduction des dépenses publiques s’inscrit dans un objectif plus large d’amélioration de la gouvernance publique visant à dégager des marges de manœuvres budgétaires pour redynamiser l’économie, financer les dépenses d’investissement et consolider le modèle social.