Hospitalisation d’Ali Bongo : divisée et affaiblie, l’opposition gabonaise contrainte de s’en remettre aux syndicats

Des militants de la confédération syndicale gabonaise Dynamique Unitaire manifestant le 1er mai à... Paris ! © DR

Alors que le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, est hospitalisé à Riyad depuis le 24 octobre dernier, l’opposition tente de tirer profit de cet événement pour reprendre du poil de la bête. Mais affaiblie, très divisée, celle-ci est contrainte de laisser monter au créneau les syndicats avec lesquels elle entretient des liens étroits. Ce qui n’est pas toujours du goût de leurs bases. Illustration avec Dynamique Unitaire (DU). 

Comme au mois d’août dernier, alors qu’il s’agissait de contester la réforme de l’Etat entreprise par le gouvernement, la confédération syndicale Dynamique unitaire (DU) s’est réunie mercredi 7 novembre sur le terrain de basket d’Awendjé, dans le 4ème arrondissement de Libreville.

A cette occasion, son président, Jean-Rémy Yama, a exigé du gouvernement de s’exprimer clairement sur l’état de santé du Président de la République Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis le 24 octobre dernier à Riyad en Arabie Saoudite.

Une stratégie qui ressemble en tout point à celle des partis d’opposition. Déjà, le 29 octobre dernier, par voie de communiqué, l’Union Nationale (UN) avait sommé dans les mêmes termes le gouvernement de communiquer sur l’état de santé du chef de l’Etat. Pourquoi le gouvernement et pas la présidence, comme c’est le cas partout ailleurs dans le monde en pareille circonstance ? Parce que c’est le gouvernement qui est compétent pour constater la vacance du pouvoir, issue à laquelle souhaite parvenir l’opposition.

Mais affaiblie et très divisée (le discours de Jean Ping prononcé le 3 novembre dernier n’a suscité aucune réaction de soutien de la part des autres leaders de l’opposition), celle-ci est contrainte de pousser en avant les syndicats qu’elle utilisent comme un cheval de Troie.

« Le navire Gabon est sans commandant à bord, avance vers l’abîme et on veut faire croire que tout va bien. (…) Où est passé Ali Bongo Ondimba ? Au nom de qui ce gouvernement s’exprime-t-il ? », a fait mine de s’interroger hier devant une poignée de militants, le président de Dynamique Unitaire, Jean-Rémy Yama.

Jean-Rémy Yama « instrumentalisé » par Jean Ping ?

Problème : ce faisant, les syndicats sortent de leur rôle pour occuper un terrain qui n’est pas le leur. Et cela n’est pas du tout du goût de leurs bases. « Je suis adhérente à DU. Mais je demande à mon syndicat de faire son travail, c’est à dire défendre les droits des travailleurs, nos droits, et non de faire de la politique », exhorte Martine, une militante vivant à Port-Gentil. Un grief déjà entendu en août dernier lorsque DU avait été poussé en avant, notamment par Jean Ping, pour contester la réforme de l’Etat décidée par le gouvernement.

« On ne peut pas courir deux lièvres à la fois », confie Alain, enseignant à Akanda, une commune du nord de Libreville et militant de DU. « Soit on fait de la politique, soit du syndicalisme. Mais mélanger les deux, ça n’est pas bon », fait-il observer calmement.

Un nom concentre les critiques des militants : Jean-Rémy Yama, le président de Dynamique Unitaire. Très proche de Jean Ping, nombreux sont les adhérents mais aussi certains responsables de DU, à pointer du doigt sa trop grande proximité avec les leaders de l’opposition, en particulier Jean Ping. Ceux-ci n’hésitent pas à évoquer une « instrumentalisation » du premier au profit du second.