Gabon : l’opposition perplexe suite au discours de Jean Ping

Jean Ping, ce samedi 3 novembre, après avoir prononcé un discours qui a manifestement laissé sceptiques les autres leaders de l'opposition gabonaise © JBMM – Facebook

Entendant bien profiter de l’hospitalisation du président Ali Bongo, l’opposant s’est exprimé ce samedi 4 octobre. Très attendu, son discours a laissé un sentiment pour le moins mitigé sur les réseaux sociaux et rendu très perplexe l’opposition gabonaise. 

Cela faisait deux mois qu’il n’avait pas parlé, sa dernière sortie publique remontant en août dernier. Pour Jean Ping, l’hospitalisation d’Ali Bongo à Riyad, comme il l’a confié à ses proches, est une « véritable aubaine ». Mais c’est davantage le contexte que le contenu que les Gabonais retiendront du discours du patron de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR).

A preuve, le discours de Jean Ping a suscité des réactions très mitigées sur les réseaux sociaux. « Si certains ont avoué ne pas l’avoir compris, en raison sans nul doute du changement de ton de l’opposant, d’autres n’ont pas caché leur déception », relève nos confrères de Gabonreview, citant de nombreux exemples : «Tout ça pour ça ? », a réagi l’activiste Marc Ona Essangui, soutenu par Marcel Libama, qui a estimé sur sa page Facebook que « l’heure n’est plus aux petites phrases pour exister », avant de s’interroger sur « l’objectif, le chemin, les moyens » du leader de la CNR pour réaliser les ambitions affichées dans son discours.

Plus grave pour Jean Ping, son discours a laissé très perplexes les principaux opposants. D’ailleurs, qu’il s’agisse d’Alexandre Barro Chambrier (RHM), de Jean de Dieu Moukagni-Iwangou (US), Zacharie Myboto (UN), Guy Nzouba Ndama (LD) ou Didjob Divungi Di Ndinge (Adere), pourtant tous présidents de partis membres de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR), aucun n’étaient présents lors de la déclaration de Jean Ping.

Lunaire

Contacté par téléphone, l’une de ces personnalités a souhaité s’en expliquer. « Le problème avec Jean Ping, c’est qu’il n’arrête pas de ressasser le passé. Son compteur temps est irrémédiablement bloqué en 2016. Et depuis, il n’a plus qu’un objectif : rejouer le match. Le problème, c’est qu’il n’a plus du tout les mêmes soutiens dans le pays qu’il y deux ans. Et à l’extérieur, n’en parlons même pas. Il est devenu inaudible. Clairement, il n’a plus du tout les moyens de ses ambitions. Seuls les réseaux sociaux et quelques médias occidentaux lui permettent de faire encore illusion […] Dans ces conditions, se présenter comme le président élu et tenir un tel discours, cela donne une impression de déconnexion », confie cette grande figure de l’opposition, convaincu qu’ « on ne peut être et avoir été car les trains ne repassent pas deux fois ».

« J’ai trouvé son propos lunaire », avoue-t-il en fin d’entretien. Un point de vue manifestement partagé par la grande majorité des responsables de l’opposition qui se sont bien gardés de toute déclaration publique après le discours de cet ex-pilier du régime d’Omar Bongo, devenu opposant sur le tard.