Gabon : « Jean Ping sait qu’il ne pourra pas accéder au pouvoir par les urnes. C’est pourquoi il tente de mobiliser la rue »

Jean Ping a reçu hier, mardi 20 novembre, le bureau de la confédération syndicale, Dynamique Unitaire © DR

L’opposant a reçu hier une délégation du syndicat Dynamique Unitaire sur lequel il compte se reposer pour tenter de remobiliser les Gabonais dans la rue. 

C’est probablement sa dernière chance. A 76 ans, Jean Ping sait qu’il ne sera pas candidat lors de la prochaine élection présidentielle. Trop âgé, trop contesté. Sa seule chance de toucher du bout des doigts son rêve : mobiliser les Gabonais dans la rue et forcer les autorités à déclarer la vacance du pouvoir en l’absence temporaire d’Ali Bongo, hospitalisé à Riyad. « Jean Ping sait qu’il ne pourra pas accéder au pouvoir par les urnes. C’est pourquoi il tente de mobiliser la rue », explique un professeur en science politique de l’UOB.

Mais le temps presse. C’est pourquoi, pour espérer y parvenir, le leader de la Coalition pour la Nouvelle République, tente de mobiliser les syndicats. Réussira-t-il son pari ? Voici quelques éléments de réponses.

Pourquoi Jean Ping n’appelle-t-il pas plutôt l’opposition à se mobiliser ? 

Dune part, parce que celle-ci est trop faible. Elle est en effet ressortie laminée des dernières élections générales d’octobre avec seulement 17 députés élus sur 143 et aucune ville de taille significative remportée. D’autre part, l’opposition gabonaise est très divisée et Jean Ping n’est plus en mesure, comme en 2016, de la fédérer. A preuve, lors de sa première prise de parole suite à l’hospitalisation d’Ali Bongo, aucun des autres grands leaders de l’opposition  (Guy Nzouba Ndama, Alexandre Barro Chambrier, Zacharie Myboto, etc.) n’était présent.

Comment réagissent les militants de Dynamique Unitaire ?

Une frange politisée, acquise à l’opposition mais très minoritaire, voit d’un œil favorable l’alignement de DU sur les positions et les combats de Jean Ping, stratégie impulsée par le président et le vice-président de la confédération, Jean-Rémy Yama et Simon Ndong Edzo. Mais une grande partie des responsables fédéraux, ainsi que la grande majorité des militants critiquent très vertement ce qu’ils perçoivent comme un mélange des genres. Entre activité syndicale et militantisme politique, il faut choisir, objectent-ils.

Jean Ping peut-il, au final, remporter son pari ? 

Sur ce point, les observateurs sont unanimes. L’opposant n’a aucune chance de parvenir à ses fins. S’il y a pu y avoir un léger flottement durant les premiers jours consécutifs à l’hospitalisation d’Ali Bongo, depuis, les institutions ont fait la preuve de leur bon fonctionnement. En témoigne la tenue d’un conseil des ministres vendredi dernier, autorisée par la Cour constitutionnelle. Surtout, l’état de santé du président de la République s’est très sensiblement amélioré depuis une dizaine de jours. Selon plusieurs de ses proches, Ali Bongo, qui a amorcé une phase de convalescence, a même pris connaissance des dossiers les plus prioritaires. Jean Ping sait donc que sa marge de manœuvre est étroite et que le temps joue contre lui. D’où sa tentative quelque peu désespérée d’accélérer.

Mais pour le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016, celle-ci pourrait bien être le chant du cygne.