Gabon : « Dynamique Unitaire n’a plus rien d’un syndicat. Jean-Rémy Yama en a fait un parti politique »

Jean-Rémy Yama, le président de la confédération syndicale, Dynamique Unitaire © DR

C’est le constat fait par nombre de responsables de la confédération syndicale qui réunit la plupart des fonctionnaires gabonais. Hier, lors d’une conférence de presse, Dynamique Unitaire a appelé ses militants à se mobiliser contre la récente décision de la Cour constitutionnelle autorisant la tenue d’un conseil des ministres en l’absence temporaire du président de la République. Pour ses militants, il s’agit d’une dérive. 

Chez Dynamique Unitaire, la base est de plus en plus mécontente. « Nous n’attendons pas de nos dirigeants qu’ils fassent de la politique mais leur travail de syndicaliste. Autrement dit, qu’ils défendent nos intérêts à nous, fonctionnaires gabonais », s’exclame Martine, une enseignante du secondaire en poste à Port-Gentil, ajoutant que « hier, c’est la goutte qui a fait déborder le vase ».

La goutte dont parle Martine, ce sont les propos du vice-président de DU, Simon Ndong Edzo qui a critiqué la récente décision de la Cour constitutionnelle du Gabon autorisant la convocation d’un conseil des ministres en l’absence temporaire du président de la République, Ali Bongo Ondimba, hospitalisé à Riyad en Arabie Saoudite, la présentant comme « une menace pour les travailleurs, pour la paix et pour l’équilibre social, pour la démocratie, pour la République et pour le peuple gabonais ». Dans la foulée, Simon Ndong Edzo a appelé à la tenue d’une assemblée générale en guise de protestation.

« C’est n’importe quoi », s’insurge Marc, un militant de longue date, fonctionnaire au service des impôts à Libreville. « Je me demande bien ce que cela a à voir avec notre organisation. Plutôt que de faire des discours grandiloquents sur des sujets qui ne les concernent pas, nos dirigeants feraient mieux de s’occuper de nos conditions de travail », peste-t-il.

DU, cheval de Troie de Jean Ping

Cible de toutes les critiques, Jean-Rémy Yama, le président de Dynamique Unitaire. Celui-ci est régulièrement pointé du doigt pour sa proximité avec l’opposant Jean Ping. En juillet dernier, celui-ci avait financé à grands frais son séjour parisien. Le mois suivant, les militants de Ping s’étaient rendus en nombre pour gonfler les rangs quelque peu clairsemés de l’assemblée générale de DU. Depuis, les soupçons et les critiques n’ont fait que se renforcer.

Trop faible et divisée pour espérer se faire entendre, l’opposition est en effet tentée d’utiliser le mouvement syndical pour se faire entendre. Au grand dam des militants et de nombreux responsables de DU qui alertent depuis plusieurs mois sur la dérive politique et partisane de la confédération. C’est le cas notamment de ce responsable, déjà présent au moment de la fondation du mouvement. « Dynamique Unitaire n’a plus rien d’un syndicat. Jean-Rémy Yama en a fait un parti politique », regrette-t-il. Un point de vue partagé par un nombre de plus en plus élevé de militants.