Le président du collectif des leaders libres de la fonction publique, Roland Youmé Bélépé, a dénoncé à son tour une « tentative de récupération » par certains partis politiques du mouvement syndical contre les mesures d’austérité mises en place par le gouvernement au Gabon. Jean Ping est particulièrement visé.
« Tout en reconnaissant la pertinence de notre combat qui vise essentiellement l’amélioration des conditions et de travail des agents de l’Etat, nous, fonctionnaires gabonais, interpellons les leaders politiques afin qu’ils ne s’immiscent dans ce combat qui concerne le gouvernement et les fonctionnaires », a martelé M. Youmé Bélépé dans une déclaration faite samedi 3 août.
Dénonçant un mélange des genres entre syndicalisme et politique, le collectif des leaders libres de la fonction publique a fustigé des « tentatives de récupération » du mouvement par « des politiciens en mal de popularité ».
Une référence à peine voilée au rassemblement de Dynamique Unitaire qui s’est tenu jeudi 3 août au stade d’Awendjé. Parmi les 1 500 personnes présentes à cette occasion, 500 ont été identifiées comme des supporteurs de Jean Ping. Dans la foulée, les autres partis d’opposition ont accusé le camp du leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) d’être à l’origine de leur expulsion mani militari de la manifestation. Ce fût en effet le cas d’Alexandre Barro Chambrier, le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM) ou encore de Bruno Ben Moubamba, l’ancien ministre passé depuis à l’opposition.
« Le rassemblement de Dynamique Unitaire à Awendjé à révélé les luttes intestines au sein de l’opposition gabonaise »
« Le rassemblement de Dynamique Unitaire à Awendjé à révélé les tensions très vives et les luttes intestines au sein de l’opposition gabonaise », fait observer un professeur en sciences politiques d’UOB. Jean Ping, le candidat malheureux de l’élection présidentielle de 2016, est en effet soupçonné de chercher à faire de Dynamique Unitaire un cheval de Troie pour tenter de rejouer le troisième tour de la présidentielle. Le leader de la CNR a d’ailleurs financé le récent séjour parisien de Jean Rémy Yama. « L’opposition gabonaise étant divisée et affaiblie et M. Ping ne voulant pas renoncer à son leadership sur celle-ci alors que d’autres leaders guignent sa place, il est contraint de se rabattre sur la société civile pour poursuivre son combat politique », explique cet universitaire.
« Notre combat syndicale ne devrait pas servir de tremplin politique », a rappelé en conclusion de sa déclaration Roland Youmé Bélépé, indiquant au passage que « si on v(oulait) véritablement défendre les intérêts des travailleurs, et non faire de la politique, il fa(llait) se mettre au tour d’une table et discuter avec le gouvernement ». Une critique à peine voilée à l’égard de Dynamique Unitaire et de son président Jean Rémy Yama, accusé d’afficher une trop grande proximité avec M. Ping.
