C’est une première dans l’histoire des relations entre les deux pays. L’annonce a été faite jeudi 29 novembre par le ministère russe de la Défense. Ces derniers mois, le Gabon, en pointe dans la protection de l’environnement, a multiplié les partenariats à l’international, à l’instar de celui – historique – noué avec la Norvège en septembre dernier.
La Russie a transmis à l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) du Gabon du matériel militaire, dont des armes légères, destiné aux gardes des réserves naturelles, les fameux éco-gardes. Une première dans l’histoire des relations entre les deux pays, selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
Le matériel livré sera destiné exclusivement aux gardes forestiers et aux agents de l’ANPN.
« Le ministère russe de la Défense a effectué à titre gracieux une livraison en République gabonaise d’armes légères pour aider le gouvernement du pays à combattre le braconnage et à protéger les réserves naturelles », a indique un communiqué du ministère russe de la Défense daté du jeudi 28 novembre.
Pour le Gabon, l’annonce de cette coopération est un signal fort car l’enjeu est aussi important sur un plan environnemental qu’économique.
« C’est en renforçant le contrôle de l’utilisation des ressources naturelles que nous pourrons développer une activité économique, par exemple l’écotourisme, qui nous permettra de générer des revenus et de créer des emplois durables », a déclaré le ministre gabonais des Forêts, de la Mer et de l’Environnement, Lee White.
Selon M. White, un militant écologiste de longue date nommé ministre en juin dernier peu après l’éclatement du kevazingogate (scandale de l’exportation illégale de cette essence préciseuse découvert fin avril dernier) (lire notre article), le Gabon connaîtrait une « montée d’une violence sans précédent » contre les éléphants, les rhinocéros, les tatous et les panthères.
Or, si les braconniers sont bien équipés et solidement armés, les employés des parcs et les gardes forestiers manquent parfois des moyens appropriés pour protéger à la fois les réserves naturelles et les populations locales.
Avant la Russie, la Norvège
Sur le plan international, le Gabon est considéré comme l’un des pays les plus actifs dans la lutte contre les changements climatiques. Le pays est recouvert à 85 % par la forêt équatoriale, soit 10 % du total de cet épais tissu forestier humide. Avec ses 240 millions d’hectares, il constitue le deuxième poumon vert de la planète, juste derrière la forêt amazonienne.
Le concours apporté par la Russie en rappelle un autre. En septembre dernier, en marge de l’assemblée générale annuelle de l’ONU, la Norvège avait annoncé qu’elle accorderait au Gabon 150 millions de dollars (136 millions d’euros) dans le cadre d’un contrat de 10 ans signé avec Libreville pour « la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre due à la déforestation et à la dégradation, et pour l’absorption de dioxyde de carbone par ses forêts naturelles », selon un communiqué de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi), organisme lancé par l’ONU qui rassemble des pays d’Afrique centrale et des bailleurs de fonds occidentaux (lire notre article).
Un geste ici aussi historique puisque le Gabon sera le premier pays sur le continent africain à être payé par des fonds internationaux pour poursuivre ses efforts contre la déforestation.