Les activistes au sein de la diaspora gabonaise « multiplient la diffusion de fake news, ce qui porte atteinte à leur crédibilité » (Delphine Lecoutre sur RFI)

Delphine Lecoutre © Facebook

Interviewée sur RFI ce mardi dans le cadre de l’émission « L’invité(e) Afrique », la politologue et coordinatrice pour une partie de l’Afrique centrale d’Amnesty International, Delphine Lecoutre, pourtant très proche des milieux gabonais d’opposition, s’est montrée particulièrement sévère à leur encontre. 

Que Delphine Lecoutre, compte tenu de ses affinités partisanes et de ses engagements, critique les autorités gabonaises, était pour le moins attendu, elle qui parle volontiers de « régime », d’« agissements », comme pour en souligner la prétendue illégitimité.

Qu’elle fasse de même vis-à-vis de l’opposition, en particulier celle tapie au sein de la diaspora, est, en revanche, plus inattendu.

Invitée ce matin sur RFI, la politologue et coordinatrice Tchad, Centrafrique et Gabon à Amnesty International s’est montrée particulièrement incisive à l’endroit des opposants de tout poil.

Sans contredire le propos de la journaliste Carine Frenck, qui a qualifié d’« atone » l’opposition au Gabon, Delphine Lecoutre a d’emblée dirigé le tir vers les activistes de la diaspora gabonaise en France, dont le bruit qu’ils font sur les réseaux sociaux est inversement proportionnel à leur importance numérique et politique.

Ceux-ci, relèvent la politologue, « appellent régulièrement à l’insurrection populaire au Gabon. Ils adoptent des propos diffamatoires en s’en prenant directement aux gens du régime n’hésitant pas à évoquer leurs vies personnelles. Ils n’hésitent pas non plus à multiplier la diffusion de fake news, ce qui porte d’ailleurs atteinte à leur crédibilité. Ils vont même jusqu’à dire qu’Ali Bongo est mort. Et à chaque fois qu’ils le voient à la télévision, ils disent que ça n’est pas lui mais son sosie ! » (…)

Ce n’est pas la première fois que Delphine Lecoutre brosse un tel constat. En janvier dernier déjà, elle avait sèchement recadré l’activiste Laurence Ndong (lire notre article). Régulièrement, Marc Ona Essangui est lui aussi épinglé pour diffusion de fake news (lire notre article). Un procédé dont la diaspora gabonaise n’a pas l’exclusivité. De temps à autre, l’opposition au pays n’hésite pas à y recourir, à commencer par Jean Ping lui-même (lire notre article).

« Eux, ils sont bien chaudement à l’abri derrière leurs ordinateurs. Ils ne prennent absolument aucun risque »

Au final, « est-ce réellement efficace ? », demande alors la journaliste de RFI. Pas vraiment. « On se trouve dans une véritable bulle médiatique », concède Delphine Lecoutre, une manière pudique de reconnaître l’écart abyssal qui existe entre la vie virtuelle dans laquelle les opposants de la diaspora sont enfermés et la vie réelle, sur le terrain, au Gabon dont ils sont totalement déconnectés, quand bien même la chercheure édulcore ensuite quelque peu son propos.

« La diaspora (…) a envahi l’espace des réseaux sociaux et des médias », fait-elle observer avant de lancer un énorme pavé dans la mare de ceux dont le mouvement est qualifié de « diaspora Trocadéro ». « Eux, ils sont bien chaudement à l’abri derrière leurs ordinateurs. Ils ne prennent absolument aucun risque », cingle Delphine Lecoutre.

Une salve qui fait penser à l’exclamation d’Antigonos II, roi de Macédoine (277 à 239 av. J.-C) : « Dieu me garde de mes amis ; mes ennemis, je m’en charge ».