Gabon : Autrefois enfant chéri des médias occidentaux, pourquoi l’activiste Marc Ona Essangui fait aujourd’hui office de repoussoir

L'activiste gabonais Marc Ona Essangui, en perte de crédibilité, n'est plus considéré comme un bon client par les médias occidentaux © DR

Proche de Jean Ping, l’activiste gabonais, connu pour son dénigrement systématique des autorités, n’a pas hésité à polémiquer suite au discours mercredi soir du président Ali Bongo sur le Covid-19 qui appelait pourtant à l’unité national face au virus. Ne pouvant critiquer la riposte elle-même, considérée comme exemplaire en Afrique, celui-ci a tenté de contourner l’obstacle, préférant retenir un autre axe d’attaque, quitte à avancer une nouvelle fois des chiffres fantaisistes.

De Charybde en Scylla. C’est un peu la pente que suit ces derniers mois l’activiste pro-opposition gabonais, Marc Ona. Hier enfant chéri des médias occidentaux, il fait désormais figure à leurs yeux d’épouvantail.

Ce jeudi sur Twitter, celui aux yeux duquel les autorités gabonaises font toujours mal, n’a pu s’empêcher de cracher son fiel sur Twitter. « Le gouvernement intensifie la lutte contre COVID 19 en prenant des mesures inadaptées, affirme-t-il sans avoir la moindre expertise Comment les populations peuvent respecter les conditions hygiéniques si l’eau potable devient une denrée rare pour 75% de la population ? », ajoute-t-il.

A peine son tweet diffusé, l’activiste a aussitôt essuyé une volet de critiques. D’abord, parce qu’il rompt l’unité nationale en cette période de crise sanitaire, montrant ainsi « son atavisme à faire prévaloir les égoïsmes partisans sur l’intérêt général », comme le fait observer un membre de la majorité. Une attitude qui, toutes choses égales par ailleurs, rappelle celle de l’intéressé au moment du passage à la norme FSC, pourtant très protectrice des forêts. Ses critiques étaient, ici aussi, en réalité moins motivées par des raisons d’intérêt général que d’ordre privé et financier (lire notrearticle).

Ensuite, parce que « le chiffre de 75 % de Gabonais qui n’aurait pas accès à l’eau est purement fantaisiste », sourit un ingénieur de la SEEG, la société nationale de distribution d’eau et d’électricité dans le pays.

Si le fait de diffuser sciemment des fausses informations est un procédé condamnable, il n’est toutefois pas surprenant de la part de quelqu’un qui s’est fait une spécialité de la diffusion de fake news sur les réseaux sociaux. En décembre dernier, Marc Ona Essangui avait notamment sciemment menti sur le nombre de chefs d’Etat présents à Libreville pour le sommet extraordinaire de la CEEAC. Ces derniers mois, il a multiplié les sorties du même acabit.

Mais à force de tirer sur la ficelle, celle-ci finit par lâcher. Marc Ona a peu à peu lassé jusque dans son propre camp, notamment au sein du collectif Appel à agir où certains fustigent sa propension à rechercher les lumières médiatiques, quitte à se montrer outrancier, sans nuance, autrement dit, unilatéralement critique, le matériau de prédilection des médias occidentaux.

Reste que ces derniers ont eux aussi fini par se détourner de l’intéressé. Autrefois, très prompts à le solliciter, à l’instar de RFI ou de la Deutsche Welle, ceux-ci font davantage preuve aujourd’hui de pusillanimité à son endroit, se montrant moins enthousiaste à l’idée de lui tendre leur micro. « C’est vrai qu’on hésite à l’interviewer. Il n’est plus pour nous le bon client qu’il a pu être autrefois », reconnait le correspondant d’une grande radio internationale au Gabon.

L’activiste serait-il en train d’apprendre à ses dépens que les fake news ont leur revers ? Si elles permettent à très court terme de susciter l’attention des journalistes (occidentaux, car au Gabon l’activiste n’a qu’une audience très limitée), elles finissent rapidement par faire office de repoussoir. « Les journalistes occidentaux jurèrent mais un peu tard qu’on ne les y prendrait plus », aurait pu dire Jean de La Fontaine.