Gabon : Désemparé et esseulé, Jean Ping contraint de véhiculer des fake news sur Ali Bongo pour « tenter d’exister »

En mauvaise passe, Jean Ping contraint de se montrer de plus en plus vindicatif pour tenter d'exister politiquement, quitte parfois à verser dans les fake news © DR

Contesté à l’intérieur et dépourvu de soutien à l’extérieur, le candidat malheureux à l’élection présidentielle gabonaise de 2016, inaudible depuis plusieurs mois, a affirmé sur Twitter que le président Ali Bongo Ondimba n’avait pas prononcé de discours à la tribune de l’ONU lors de la 75ème édition de son assemblée générale qui se déroule actuellement à New York de façon virtuelle (les chefs d’Etat intervenant à distance via visioconférence). Mal lui en appris. Le discours prononcé par le président gabonais ce jeudi a été abondemment relayés sur les réseaux sociaux officiels comme sur le site internet de l’Organisation. 

Est-ce un signe de fébrilité ?

Au Gabon, beaucoup s’interrogent en tout cas sur le dernier tweet « halluciné », pour reprendre l’expression d’un internaute, de Jean Ping.

« La communauté internationale vient d’avoir une nouvelle preuve de la vacance de pouvoir dans le pays. L’absence de l’usurpateur de la visioconférence de l’Assemblée générale de l’@UN en est une démonstration définitive », a écrit avec acrimonie jeudi 24 septembre le leader de la CNR et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016.

Problème : Ali Bongo Ondimba a bien prononcé non pas un mais deux discours à l’occasion de la 75ème assemblée générale de l’ONU qui se déroule en ce moment même à New York, en visioconférence en raison de la pandémie de Covid-19. Le premier ce lundi à l’occasion du débat général préalable à l’ouverture de cet assemblée générale (lire notre article). Le second ce jeudi (lire notre article).

Ces discours ont d’ailleurs été relayés sur les réseaux sociaux officiels, ainsi que retransmis, en direct, sur la web TV de l’ONU (voir ou revoir la vidéo du discours en cliquant ici ou ici).

Ces dernières heures, les réseaux sociaux s’animent au Gabon à ce sujet. Et les internautes, froissés d’avoir été pris pour des crédules, ne sont pas tendres pour Jean Ping. « Le contraste est saisissant entre un Ali Bongo Ondimba qui discoure à l’ONU et un Jean Ping qui tweete des fake news. Deux destins diamétralement opposés », commente Marc, un enseignant, originaire de Port-Gentil sur Facebook. Pour Steeve, un twittos de Lambaréné, « Ping a tout simplement craqué. Ses nerfs ont visiblement fini par lâcher », cingle-t-il tout en ironie.

Fébrilité

Au Gabon, beaucoup analysent l’initiative de Jean Ping comme un signe de fébrilité qui s’explique par l’impasse dans laquelle l’ex-leader de l’opposition se trouve désormais. Lâché par ses soutiens à l’extérieur et de plus en plus contestés à l’intérieur par les vieux barons de l’opposition comme par la jeune garde, Ping, qui aura 81 ans en 2023, aborde l’échéance en position de faiblesse.

D’autant que la séquence du Covid-19, remarquablement gérée de l’aveu même des institutions internationales, par les autorités gabonaises, ont renforcé le crédit du pouvoir face à une opposition atone, contrainte de se réfugier dans la critique outrancière et déraisonnable comme lorsqu’elle a appelé, au mépris des règles élémentaires de prudence, à un déconfinement immédiat (lire notre article).

Dans ce contexte, Jean Ping en est réduit, selon certains, à verser dans le sensationnalisme pour tenter d’exister. « Comme (il) n’est pas dans l’exercice du pouvoir, il ne lui reste que le verbe. Or, pour pouvoir se démarquer dans le flot de propos quotidien et tenter d’exister, il faut détonner, surprendre, quitte à prendre quelques libertés avec la réalité », décrypte un expert en communication politique. Au risque, comme en l’espèce, de dire n’importe quoi.

Le fait qu’un responsable politique, qui prétend avoir une stature nationale, utilise sciemment le mensonge pour polluer le débat public est inquiétant pour l’avenir de notre démocratie.