« Torture » au Gabon : « Mme Laurence Ndong, l’affirmation d’un tiers dans un post ne constitue pas une preuve » (Delphine Lecoutre, membre de Tournons la page et d’Amnesty International)

L'activiste Laurence Ndong, de plus en plus ouvertement contestée dans son camp en raison de sa propension à travestir la réalité et de sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine © DR

Sur Twitter, Delphine Lecoutre, politologue française, membre du mouvement activiste Tournons la page et de l’ONG Amnesty International, a de nouveau recadré Laurence Ndong qui avait affirmé sans preuve sur les réseaux sociaux que le militant pro-Ping David Pandjo Ngoma, alias Peter Brady Akewa arrêté ce weekend à Port-Gentil, avait été torturé par des agents de la Direction générale des recherches. 

C’est ce qu’on appelle l’effet boomerang. En tentant maladroitement de se défendre hier sur Twitter, Laurence Ndong, qui avait affirmé que David Pandjo Ngoma avait été torturé par la DGR suite à son arrestation ce weekend à Port-Gentil, a de nouveau été reprise à la volée par Delphine Lecoutre, politologue française, membre du mouvement activiste Tournons la page et de l’ONG Amnesty International.

« Mme Laurence Ndong l’affirmation d’un tiers dans un post ne constitue pas une preuve. Je réaffirme que David Pandjo Ngoma n’a pas été victime de tortures. Nous Amnesty demeurons on ne peut plus prêt de ce cas », a écrit sur son compte Twitter Mme Lecoutre.

Une réponse à un tweet, maladroit, diffusé par Laurence Ndong quelques heures plus tôt. « Mme Delphine Lecoutre, voici le post de Cyr Gervais Assoumou, frère, compagnon de lutte de David Pandjo Ngoma (qui soutient que celui-ci aurait été torturé, NDLR) c’est le référent du dossier à Port Gentil. Merci de lui apporter la preuve que ce qu’il dit est faux », s’est essayé l’activiste, manière d’inverser la charge de la preuve, une stratégie classique quand on est à court d’argument. 

Tordre les faits et les dramatiser, sans s’encombrer de la réalité

C’est ainsi que l’activiste Laurence Ndong, après l’avoir été hier à deux reprises déjà (lire notre article), à de nouveau été renvoyée dans les cordes, priée de revoir sa copie et sa stratégie. Une stratégie qui consiste sciemment à tordre les faits et les dramatiser, sans s’encombrer de la réalité.

Si Delphine Lecoutre est montée ainsi au créneau, c’est parce que l’attitude de Laurence Ndong, loin d’aider l’activiste interpellé, est en réalité contre-productive, comme l’explique une responsable de l’ONG international Human Rights Watch en Afrique centrale. « C’est une technique habituelle chez les activistes qui pensent ainsi davantage mobiliser l’opinion. Mais du coup, c’est un peu comme dans la fable de Pierrot le loup. A force de crier au loup et que le loup n’y est pas. A la fin, plus personne n’y croit », explique cette expatriée en poste aujourd’hui en RDC, après être passé par le Gabon, qui juge dangereuse cette stratégie éculée. « Quand les gens pensent qu’on leur ment, ils se détournent de nous », estime-t-elle.

Une attitude générale au sein de la diaspora pro-Ping

Au Gabon, les propos de Laurence Ndong, qui vit en France, pays qu’elle critique allègrement, ne sont depuis longtemps plus pris au sérieux. Ces dernières semaines, l’activiste, ex-porte-parole de Jean Ping en 2016, a de nouveau été au centre d’une controverse. Fin octobre, elle avait accepté de prendre part, tous frais payés, au premier sommet Russie-Afrique à Sotchi, louant à cette occasion le bilan de Vladimir Poutine en matière de droits de l’Homme. Un panégyrique qui lui a valu les critiques acerbes de l’essayiste, très respecté au sein de l’opposition et de la diaspora, Marc Mve Bekalé, qui a pointé du doigt son double standard en matière de droits de l’Homme.

Un exemple de tweet alarmiste diffusée par la diaspora pro-Ping au Gabon mais sans rapport avec la réalité © Twitter

L’attitude de Laurence Ndong est caractéristique de la frange de la diaspora gabonaise vivant en France qui a épousé la cause de Jean Ping. Chaque jour, ses membres s’évertuent à saturer les réseaux sociaux au moyen de fake news dont le but est de dépeindre l’Etat gabonais comme un régime tortionnaire (voir l’exemple ci-dessous). Une stratégie de plus en plus contestée au sein de la diaspora pro-Ping. « Le fait de ne pas dire la vérité nous dessert. On se fait plaisir en parlant à notre base militante archi-convaincue. Mais on ne gagne pas de soutien dans l’opinion. Au contraire, on finit par en perdre », lâche l’un de leaders de cette diaspora Trocadéro, surnommée ainsi en raison de sa propension à manifester Place du Trocadéro, en plein cœur ce Paris, à quelque 8000 kilomètres de Libreville.