« Torture » au Gabon : La politologue Delphine Lecoutre, membre de Tournons la page et d’Amnesty International, recadre sèchement l’activiste Laurence Ndong

La politologue française Delphine Lecoutre (deuxième en partant de la droite) est également membre du mouvement activiste Tournons la page © DR

Sur Twitter, Delphine Lecoutre, politologue française, membre du mouvement activiste Tournons la page et de l’ONG Amnesty International, a fermement démenti les allégations de Laurence Ndong selon lesquelles le militant pro-Ping David Pandjo Ngoma, alias Peter Brady Akewa arrêté ce weekend à Port-Gentil, aurait été torturé par des agents de la Direction générale des recherches. 

« Non, Peter Brady Akewa (de son vrai nom David Pandjo Ngoma, NDLR) n’a pas été torturé », a réagi sur Twitter mardi 31 décembre la politologue Delphine Lecoutre, peu suspecte de complaisance à l’égard des autorités de Libreville, ajoutant : « nous suivons son cas avec la plus grande attention»

Enfonçant le clou, Delphine Lecoutre est revenu le lendemain à la charge. « Chère Madame Laurence Ndong, à Amnesty International, nous fonctionnons sur la base de preuves et non d’affirmations non démontrées. Nous suivons de très près le cas de (David Pandjo Ngoma, alias Peter Brady Akewa) », a-t-elle indiqué, toujours sur Twitter.

C’est donc un démenti cinglant qui est opposé à l’activiste Laurence Ndong, en même temps qu’un recadrage en règle qui lui est fait. Celle-ci n’avait cessé ces derniers jours d’affirmer, sans preuve, sur les réseaux sociaux, que David Pandjo Ngoma, arrêté ce weekend à Port-Gentil pour des tags faits quelques jours plus tôt sur les murs de la BEAC, avait été « torturé » par les agents de la Direction générale des recherches.

A cette occasion, les enquêteurs ont découvert que ce militant pro-Ping, bras droit de Féfé Onanga, n’était autre que Peter Brady Akewa, activiste anonyme sur les réseaux sociaux qui s’illustrait par ses propos injurieux à l’encontre du président de la République et de son entourage (lire nos articles ici et ici).

Attitude contre-productive

Si Delphine Lecoutre est montée ainsi au créneau, c’est parce que l’attitude de Laurence Ndong, loin d’aider l’activiste interpellé, est en réalité contre-productive, comme l’explique une responsable de l’ONG international Human Rights Watch en Afrique centrale. « C’est une technique habituelle chez les activistes qui pensent ainsi davantage mobiliser l’opinion. Mais du coup, c’est un peu comme dans la fable de Pierrot le loup. A force de crier au loup et que le loup n’y est pas. A la fin, plus personne n’y croit », explique cette expatriée en poste aujourd’hui en RDC, après être passé par le Gabon, qui juge dangereuse cette stratégie éculée. « Quand les gens pensent qu’on leur ment, ils se détournent de nous », estime-t-elle.

Perte de crédibilité

Au Gabon, les propos de Laurence Ndong, qui vit en France, pays qu’elle critique allègrement, ne sont depuis longtemps plus pris au sérieux. Ces dernières semaines, l’activiste, ex-porte-parole de Jean Ping en 2016, a de nouveau été au centre d’une controverse. Fin octobre, elle avait accepté de prendre part, tous frais payés, au premier sommet Russie-Afrique à Sotchi, louant à cette occasion le bilan de Vladimir Poutine en matière de droits de l’Homme. Un panégyrique qui lui a valu les critiques de l’essayiste, très respecté au sein de l’opposition et de la diaspora, Marc Mve Bekalé. « Oppression Anywhere is Oppression everywhere (…) Il ne faut point discriminer l’oppression », avait cinglé celui-ci, rappelant que « sur le terrain de la négation des droits de l’Homme, de la souveraineté du peuple et de la liberté d’expression, Ali Bongo et sa clique apparaiss(ai)ent comme des joueurs de troisième division à côté de Poutine. C’est Lalala FC face au FC Barça… »

Depuis lors, le crédit de celle qui se présente sur les réseaux sociaux comme la chantre des droits de l’Homme au Gabon et en Afrique a été un peu plus entamé.