Tags anti-pouvoir à Port-Gentil : « Les complices du suspect essaient de nous mettre sur une fausse piste mais nous ne tomberons pas dans le panneau » (un enquêteur)

Les tags découverts ce mardi 31 décembre à Port-Gentil © DR

De nouveaux tags anti-système sont fort opportunément apparus ce mardi. Aussitôt, les médias proches de l’opposition et les activistes sur les réseaux sociaux s’en sont emparés, y voyant la preuve irréfragable de l’innocence du militant pro-Ping, David Pandjo Ngoma, interpellé le week-end dernier à Port-Gentil. Problème : l’analyse graphologique entre les premiers tags et ceux d’aujourd’hui révèlent de nettes différences. En outre, les charges contre l’activiste interpellé ne se limitent pas à ces tags. Celui-ci devra également répondre de ses messages injurieux sur les réseaux sociaux sur lesquels il sévissait sous le profil anonyme de Peter Brady Akewa. 

« C’est une vieille ficelle. J’espère qu’il ne nous croit pas aussi naïfs », s’amuse un enquêteur à Port-Gentil. Ce mardi 31 décembre, de nouveaux tags ont été découverts sur un mur de la capitale économique gabonaise (voir photo).

Aussitôt, il n’en fallait pas plus pour que les activistes sur les réseaux sociaux, qui avaient dénoncé ces derniers jours des actes de torture (sic !) de la police sur David Pandjo Ngoma, et leurs relais médiatiques habituels ruent dans les brancards et crient à la « bavure policière » et à « l’arrestation arbitraire ».

« Si ces nouveaux tags reprennent la plupart des revendications déjà lues sur les murs du siège de la BEAC quelques jours plus tôt, deux phrases laissent clairement entendre que les agents de la Direction générale des recherches (DGR) ne détiennent pas la bonne personne dans leurs cellules : ‘Enquêteurs de merde !! Me voici, je suis toujours libre’ », exulte le très engagé site d’information Gabonreview.com, sans craindre l’excès de précipitation.

Analyse graphologique

Mais les partisans de David Pandjo Ngoma n’auraient-ils pas crié victoire un peu trop vite ? Il semblerait que ce soit le cas. Tout d’abord, selon différentes sources proches de l’enquête, l’analyse graphologique a révélé des différences notables entre la première série de tags qui ont conduit à l’interpellation de l’activiste et ceux découverts aujourd’hui.

« Ensuite », indique l’une de ces sources, « il est fort probable que l’individu interpellé ce weekend n’est pas agi seul. Il bénéficie à l’évidence de complicités. » L’un de ces complices aurait donc pu se manifester pour tenter d’induire les enquêteurs en erreur. « A l’évidence, le ou les complices du suspect essaient de nous mettre sur une fausse piste mais nous ne tomberons pas dans le panneau », affirme un enquêteur qui juge « la ficelle un peu grosse ». « Dans le jargon, on appelle cela un faux-nez », dit-il en rappelant que « ça n’est ni sur les réseaux sociaux ni dans les médias que l’on mène l’enquête ».

Les charges contre David Pandjo Ngoma ne se limitent pas à des tags

« Enfin », précise une autre source proche de l’enquête, « les charges qui pèsent contre l’activiste interpellé ne se limitent pas à ces tags ». Il devra également répondre de ses messages injurieux (qui constituent un délit) sur les réseaux sociaux sur lesquels il sévissait sous le profil anonyme de Peter Brady Akewa. C’est d’ailleurs la principale découverte faite par les fins limiers de Port-Gentil à l’occasion de leur enquête. Et là, les preuves matérielles en leur possession ne laissent, semble-t-il, planer aucun doute.