L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Vendredi 16 février 2018, l’Etat Gabonais a mis fin à la convention de concession qui le liait à la SEEG, la Société d’énergie et d’eau du Gabon, filiale au Gabon de l’entreprise française Veolia, et qui avait été renouvelée pour cinq ans en mars 2017. L’annonce a été faite par voie de communiqué du ministre de l’eau et de l’énergie, M. Patrick Eyogo Edzang, qui exerce la tutelle sur ce secteur.
Dégradation de la qualité du service
A l’appui de cette décision, l’Etat gabonais argue entre autres de la dégradation de la qualité du service rendu aux usagers, des efforts financiers consentis par l’Etat non suivis des effets escomptés et de plaintes récurrentes des populations. Des sources proches du dossier évoquent également le non respect de normes environnementales, un point sur lequel l’Etat gabonais est très sourcilleux.
« Dans le souci de préserver la continuité et la qualité du service public de l’eau potable et de l’énergie électrique, l’Etat a procédé exceptionnellement à la réquisition temporaire de l’entreprise », précise le communiqué du ministre, ajoutant que « durant cette période transitoire, un organe ad hoc aura pour mission de gérer l’entreprise, de mener les audits et autres études nécessaires au développement du secteur dans un nouveau mode de gestion et finaliser la rupture contractuelle dans les règles de l’art avec le groupe Veolia ».
Par ailleurs, le Gouvernement a tenu « à rassurer les employés qu’aucun licenciement ne sera opéré du fait de cette réquisition. Il en est de même, pour la continuité des contrats en cours d’exécution entre la SEEG et les divers opérateurs économiques.»
Si cette décision a fait l’effet d’une bombe, elle n’est nullement surprenante. Les manifestations d’usagers insatisfaits se sont multipliés dans la capitale. En début de semaine, un sit-in de 48 heures a été organisé par l’Organisation gabonaise des consommateurs (OGC). A Libreville, les coupures et les pénuries d’eau sont, il est vrai, devenues de plus en plus fréquentes. Nombreux sont, en outre, les usagers à se plaindre de payer des factures d’eau alors qu’ils ne reçoivent pas l’eau courante chez eux.
Décision inévitable, selon Brice Laccruche Alihanga
Suite à ce sit-in, les responsables de la SEEG / Veolia ont été convoquées par le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet (mercredi 14 février), puis le lendemain par le très influent directeur de cabinet du Président Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga. C’est à cette occasion que le sort de l’entreprise française aurait été définitivement scellé. Sur sa page Facebook, M. Alihanga a précisé hier que la décision de mettre un terme à la concession de la SEEG / Veolia avait été « rendue » inévitable.
Quoi qu’il en soit, cette décision dénote un changement de ton au sein de l’Exécutif gabonais, résolu à engranger des résultats rapides dans l’amélioration des conditions de vie des populations alors que se profilent des élections législatives, programmées pour la fin du mois d’avril.