Gabon : les raisons de l’éviction d’Alain Ditona de la présidence de la Comilog

Alain Ditona Moussavou a été évincé de son poste de président du conseil d'administration de la Comilog le 12 avril 2018.

La décision a été prise ce jeudi 12 avril à l’occasion du dernier conseil des ministres. Alain Ditona Moussavou a été évincé de son poste de président du conseil d’administration de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), filiale de l’Etat gabonais et du groupe métallurgique français Eramet qui exploite le manganèse au Gabon. Il a été remplacé à cette fonction par Martial-Rufin Moussavou. Une décision motivée par plusieurs raisons. 

Alain Ditona, 63 ans, n’aura même pas tenu un an à la tête de la Comilog. Nommé le le 1er juin 2017 en remplacement du français Claude Vilain, parti en retraite, il a été limogé de son poste de Président du conseil d’administration de la Comilog lors du dernier conseil des ministres du 12 avril 2018.

Soupçonné de de corruption et de détournement de deniers publics dans le cadre de l’opération « Mamba », Alain Ditona, était sous le coup d’une enquête portant sur des soupçons de malversations financières, notamment des « prises de participations » présumées alors qu’il était directeur général de Caisse des dépôts et consignations (de 2011 à début 2018) ou encore le « rachat de créances d’entreprises publiques dont la CDC est pourtant actionnaire ». Dans le cadre de ces affaires, M. Ditona avait été placé en garde à vue fin janvier 2018 à la Direction générale des recherches de la gendarmerie nationale.

C’est Martial-Rufin Moussavou, l’ex-ministre des Mines, qui lui succède. L’homme aura fort à faire. En effet, sa nomination intervient alors que la Comilog, le deuxième opérateur mondial de manganèse qui exploite la mine de Moanda située dans la province du Haut-Ogooué, vient d’enregistrer d’excellents résultats. C’est d’ailleurs grâce à sa filiale gabonaise que le groupe français Eramet est repassé dans le vert, après deux années d’exercices déficitaires.

Sous la houlette de Brice Laccruche Alihanga, le nouveau directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, qui a rencontré récemment Christel Bories, la PDG d’Eramet, l’Etat gabonais, qui est co-actionnaire de la Comilog, entend davantage tirer partie de l’exploitation du manganèse afin de dégager les marges nécessaires à la relance économique du pays. « C’est un objectif légitime. Les Etats africains doivent rééquilibrer le rapport de force face aux multinationales du secteur minier et pétrolier afin de tirer davantage profit des matières premières contenues dans leur sous-sol », explique un professeur d’économie de l’Université Paris-Dauphine qui connait bien la problématique. « En outre, les Etats africains doivent produire plus de valeur ajoutée sur place. Ce qu’a fait le Gabon dans le bois en imposant une première puis une seconde transformation, il doit le faire aujourd’hui dans les mines et dans le pétrole », ajoute cet universitaire qui fait autorité dans son domaine.

C’est cet objectif qu’à sans doute en tête l’Exécutif gabonais. Et pour le mener à bien, les autorités gabonaises ont probablement jugé – tant pour des raisons judiciaires que d’opportunité – qu’Alain Ditona n’était plus l’homme de la situation.