Gabon : entre Jean Ping et Alexandre Barro Chambrier, le torchon brûle

Jean Ping, le candidat unique de l'opposition lors de la présidentielle de 2016 au Gabon, lutte pour conserver son leadership au sein de sa famille politique @ DR

En toile de fond de cette lutte fratricide : le leadership au sein de l’opposition gabonaise. 

Irréconciliables. C’est ce que pensent désormais leurs entourages respectifs, celui de Jean Ping et celui d’Alexandre Barro Chambrier, qui son à couteaux tirés. Certes, les tensions entre deux des principaux responsables de l’opposition gabonaise ne datent pas d’hier. Mais elles se sont exacerbées ces derniers jours.

Lors du rassemblement de Dynamique Unitaire jeudi 3 août au stade d’Awendjé, Alexandre Barro Chambrier s’en était vu refuser l’accès. La faute aux partisans de Jean Ping, s’est aussitôt défendue la confédération syndicale. Les soutiens du leader de la CNR étaient en effet venus en nombre (près de 500 personnes) pour soutenir la confédération syndicale en lutte contre les mesures d’austérité du gouvernement.

Depuis, les lieutenants de Jean Ping et ceux d’Alexandre Barro Chambrier ont multiplié les invectives et les échanges aigre-doux les uns envers les autres. Pour les premiers, le président du RHM serait « un faux opposant qui fait le jeu du pouvoir. La preuve, selon eux, il participe aux législatives. » Pour les seconds, Ping serait « carbonisé ». A bientôt 76 ans, « il doit passer la main. Il a eu sa chance en 2016. Celle-ci a passé. Il a été incapable de convaincre à l’international de sa victoire. Il n’a plus rien à apporter à l’opposition. Il doit transmettre le témoin à plus jeune que lui. D’ailleurs, ces derniers temps, on ne l’entend plus », insiste l’entourage de Barro Chambrier, de près de vingt ans son cadet.

L’autorité de Jean Ping éreintée

Ce qui exacerbe les tensions, c’est la course au leadership au sein de l’opposition gabonaise. En effet, au-delà du RHM, nombreux sont ceux à penser que Jean Ping, l’ex-pilier du régime d’Omar Bongo, « a fait son temps ». Il y a quelques jours, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, son ex-porte parole lors de la présidentielle de 2016, membre de l’Union Nationale (UN), un autre parti d’opposition, avait eu des mots très durs à son endroit.

Un autre responsable de l’UN avance, lui, un argument supplémentaire pour pousser Jean Ping vers la sortie : « Jean Ping ne participera pas aux élections législatives. Il a décidé de les boycotter contrairement à une majorité de partis de l’opposition. Son autorité est éreintée », explique cet opposant qui poursuit : « Ping sera invisible lors de ce combat électoral. C’est pourquoi il doit passer la main à ceux qui ont choisi de se battre et qui occuperont le devant de la scène durant les prochaines semaines. »

Pour l’opposition gabonaise, les élections législatives et locales auront peut être moins pour enjeu de remporter la majorité, chose difficile en l’état actuel, que de purger la question du leadership en son sein.