Législatives 2018 au Gabon : Alexandre Barro Chambrier candidat sur fond de divergence avec Jean Ping

Alexandre Barro Chambrier, le leader du Rassemblement Héritage et Modernité et figure majeure de l'opposition, participera bien aux élections législatives prévues prochainement au Gabon. © DR – Twitter

Il y a les paroles et il y a les actes. Lors d’une conférence de presse organisée mardi 10 avril au siège du Rassemblement Héritage et Modernité, Alexandre Barro Chambrier a certes eu des mots très amicaux pour Jean Ping mais il a surtout annoncé la participation de son mouvement aux élections législatives à venir. Pour le leader de la Coalition pour la Nouvelle République, il s’agit d’un nouveau coup dur.

Elle était très attendue. La conférence de presse du Rassemblement Héritage et Modernité s’est tenue en présence de nombreux leaders de l’opposition, dont Zacharie Myboto (Union nationale), Jean de Dieu Moukagni Iwangou (Union et solidarité) et de nombreux responsables des Démocrates, le parti de Guy Nzouba Ndama. « Il s’agit d’un événement politique important au Gabon en cette période pré-électorale », explique l’un des participants.

Certes, à cette occasion, Alexandre Barro Chambrier a tenu à réaffirmer – comme s’il devait s’en justifier – l’appartenance de son mouvement à la Coalition pour la Nouvelle République, le front uni de l’opposition constitué lors de la dernière élection présidentielle autour d’un candidat unique, Jean Ping. Certes, il a salué l’action de ce dernier, le félicitant pour « la qualité de son leadership » et rappelant que celui-ci avait « brillamment remporté l’élection présidentielle [d’août 2016] ». Un passage sans doute obligé pour tenter d’amortir l’effet de l’annonce à venir.

Car l’objet principal de cette conférence de presse était en réalité ailleurs. « Le Rassemblement Héritage et Modernité considère que le moment est désormais opportun pour annoncer à l’opinion nationale et internationale sa décision de participer aux élections législatives à venir », a déclaré celui qui fut plusieurs fois ministre, notamment sous la présidence d’Ali Bongo. Une stratégie en contradiction totale avec celle poursuivie par Jean Ping, dont il est pourtant l’allié.

Pour justifier sa position, M. Barro Chambrier a évoqué le fait que «  la pratique du boycott dans un passé récent » avait été d’ « une efficacité douteuse ». « Il est incontesté que les appels récurrents au boycott des législatives de l’année 1990, de mars 1991 (élections à deux tours) et décembre 2011 ont montré leurs limites et se sont révélés infructueux. Pire, la dernière élection précitée a secrété une assemblée monocolore, véritable caisse de résonance, qui légifère sans légitimité à ce jour », a expliqué le leader du Rassemblement Héritage et Modernité.

Pour Jean Ping, il s’agit d’un nouveau coup dur dans le bras de fer qu’il mène avec Ali Bongo Ondimba depuis l’élection présidentielle d’août 2016 dont il conteste les résultats. D’une part, le leader de la CNR, voit son leadership au sein de l’opposition contesté, nombreux refusant en effet de suivre sa stratégie de boycott des élections (UN, Les Démocrates, etc.). Ceux qui le font se réduisent désormais à la portion congrue (Jean Eyeghe Ndong, Fabien Mere et les membres du CNR issus de la diaspora). D’autre part, M. Ping qui avait fondé son combat sur l’illégitimité des institutions et le rejet de tout processus électoral se voit désormais contraint de trouver d’autres arguments pour tenter de sensibiliser une opinion publique. Une tâche rendue d’autant plus ardue que celle-ci a, semble-t-il, tourné la page – et depuis longtemps – du dernier scrutin présidentiel.