Au Gabon, les découvertes de gisements pétroliers offshore se multiplient

Repsol a annoncé le 18 avril la découverte d'un important gisement pétrolier au large des côtes gabonaises. Source : compte Twitter @Repsol

La major pétrolière espagnole Repsol a déclaré avoir découvert, au large des côtés gabonaises, une colonne d’huile de 78 mètres dans le puits d’exploration Ivela-1. Une annonce majeure qui vient couronner un travail commun avec son partenaire, l’australien Woodside Petroleum. Au Gabon, les découvertes de gisements pétroliers offshore se sont multipliées ces derniers mois, créant pour ce pays – le 4ème producteur de pétrole en Afrique subsaharienne – des opportunités mais également de nombreux défis.

Le potentiel intégral de ce puits, qui se trouve dans le bloc Luna Muetse (E13) à une profondeur d’eau d’environ 2 700 mètres, est encore en phase d’évaluation, indique un communiqué diffusé mercredi 18 avril. Mais pour plusieurs experts du secteur, cette découverte est sans doute l’une des plus importantes faites au Gabon, voire la plus importante avant même le champ Rabi Kunga.

Elle s’inscrit dans le cadre d’une campagne de forage de puits de pétrole en haute mer lancée en mars 2017 au large des côtes gabonaises par Repsol. Surtout, elle intervient quelques semaines après une autre découverte majeure au Gabon. Le 5 mars dernier, Petronas, la compagnie malaisienne, et sa filiale gabonaise, PC Gabon Upstream S.A, avait annoncé la découverte de pétrole et de gaz dans son puits d’exploration Boudji-1 – bloc F14 (Likuale), situé lui aussi au large des côtes gabonaises.

Ces découvertes sont d’autant plus importantes pour le Gabon qu’elles interviennent dans un contexte particulièrement favorable. Les prix du brut repartent à la hausse (le prix du baril s’élève à date à près de 70 dollars). En outre, la demande de produits pétroliers, tirée par l’industrie chimique (le pétrole entre notamment dans la composition du plastique), est en hausse, en dépit du développement des énergies alternatives.

Pour le Gabon, cette donne est particulièrement favorable. Elle permet de relancer l’activité pétrolière – qui, après avoir atteint un pic de production de 370.000 barils / jour en 1997, avait sensiblement diminué pour se stabiliser depuis 2002 et jusqu’à aujourd’hui à environ 250.000 barils / jour – et donc de redonner des marges de manœuvre à l’Etat qui tire de ce secteur une bonne partie de ses ressources (65 % environ des recettes dans le dernier budget de l’Etat proviennent du pétrole).

Profiter du pétrole pour réformer l’Etat et moderniser l’économie

Mais suivant la célèbre locution latine, « si vis pacem, para bellum » (qui veut la paix prépare la guerre), les autorités gabonaises ont fait savoir ces derniers mois, par la voix du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, que la hausse de la production de pétrole au Gabon – à laquelle s’ajoute celle du prix du baril –, devra être mis à profit pour accélérer la réforme de l’Etat en poursuivant le désendettement de celui-ci, et relancer l’économie à travers un programme d’investissement, tout en la diversifiant. 27 % du PIB du Gabon dépend en effet encore du secteur des hydrocarbures. Une part qui est en forte baisse toutefois par rapport aux années antérieures (elle était de 53 % en 2013) mais que les autorités gabonaises entendent continuer à réduire pour rendre leur économie moins dépendante des fluctuations du marché international.

Parmi les pistes possibles, comme l’a rappelé récemment Brice Lacrruche Alihanga sur son compte Twitter, figure le développement de l’économie verte. Celui-ci pourrait ainsi, paradoxalement, être l’un des grands bénéficiaires de la manne offerte par ces récentes découvertes pétrolières.