Gabon : Alexandre Barro Chambrier en grand danger lors du deuxième tour des législatives

Severin Pierre Ndong Ekomi, le jeune candidat du PDG, part favori face à l'un des barons de l'opposition, Alexandre Barro Chambrier, pour la conquête du premier siège de député dans le quatrième arrondissement de Libreville lors du deuxième tour des élections législatives le 27 octobre prochain © DR

Le président du RHM pourrait subir un sort similaire aux autres grandes figures de l’opposition (Guy Nzouba Ndama, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi…) qui ne siégeront pas dans la future assemblée nationale. Voici pourquoi. 

Pour Alexandre Barro Chambrier, les choses se compliquent. Sa campagne prend de plus en plus l’allure d’un chemin de croix.

Mardi 16 octobre, Patricia Carlie Taye, épouse Zodi, candidate du Centre des libéraux réformateurs (CLR), arrivée troisième avec 15,13 % des voix lors du premier tour des législatives sur le 1er siège du 4ème arrondissement à Libreville, a apporté son soutien au candidat du PDG, Severin Pierre Ndong Ekomi, arrivé second avec 38,78 % des voix, soit tout juste 1,41 % de moins que Barro Chambrier (40,19 %). Elle assure avoir eu pour ce faire « la bénédiction de son parti et celle de son président », Jean Boniface Assélé.

Ce ralliement était, il est vrai, attendu. Le CLR est en effet l’allié de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence (MRSE). « Ce soutien que nous commande la Charte de la majorité est total, sincère et sans ambiguïté car il s’agit ici pour moi de combattre un modèle de gestion de notre localité qui porte les germes de la division et de l’exclusion de certains d’entre nous et de certaines communautés », a déclaré Patricia Carlie Taye.

Ainsi, en cumulant ses voix du premier tour et celles de son alliée, Severin Pierre Ndong Ekomi dépasse allègrement, avec 54 % des suffrages, la majorité des voix nécessaires pour être élu. Mais là n’est pas le seul signe annonciateur d’une probable future défaite pour le président du RHM. D’autres éléments entrent en ligne de compte.

D’abord, il faut s’attendre à un réflexe de vote utile. L’opposition ayant été laminée lors du premier tour des législatives, la nouvelle assemblée nationale devrait voir s’abattre sur elle une vague pédégiste. Le parti au pouvoir devrait parvenir à faire élire plus de 120 députés sur 143 au total. En pareille situation, le second tour ne fait en effet que renforcer la tendance du premier tour.

Les autres raisons de la probable future défaite de Barro Chambrier

Ensuite, paradoxalement, le renouveau dans cette joute électorale pour la conquête du 1er siège du 4ème arrondissement à Libreville, est davantage incarné par le candidat du PDG, Severin Pierre Ndong Ekomi, dont c’est la première participation à une élection. A l’inverse, Barro Chambrier a déjà derrière lui une longue et sinueuse carrière politique. Agé de 61 ans, cet ex-baron du PDG, plusieurs fois ministre sous la présidence d’Ali Bongo, est passé avec armes et bagages dans l’opposition. Par opportunisme, disent ses adversaires.

Enfin, Barro Chambrier devrait également être victime de la difficulté que rencontre actuellement l’opposition gabonaise dans son ensemble à formuler un projet politique alternatif crédible. Celle-ci s’est davantage concentrée durant la campagne de premier tour sur la critique du régime actuel, oubliant de mettre en avant ses propositions pour améliorer le quotidien des Gabonais.

Les urnes livreront leur verdict le 27 octobre prochain, date du deuxième tour des législatives. En attendant, du côté d’Alexandre Barro Chambrier, l’humeur n’est pas à l’optimisme. La preuve, le président du RHM, dans un réflexe pavlovien, a justifié son score décevant du premier tour par la fraude à laquelle se serait livrée son adversaire. Une manière sans doute de prendre les devants en vue d’une probable future défaite.