Alexandre Barro Chambrier : « l’attitude de Jean Ping n’a pas facilité les choses »

Alexandre Barro Chambrier, le président du RHM, s'en prend désormais ouvertement et publiquement à Jean Ping, qu'il accuse d'avoir contribué à l'échec de l'opposition à l'occasion des élections d'octobre © ABC – Facebook

Dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président du Rassemblement Héritage et Modernité s’en prend ouvertement à Jean Ping dont la stratégie de boycott des élections locales et législatives d’octobre a pénalisé l’opposition, selon lui. 

Entre Alexandre Barro Chambrier et Jean Ping, le torchon brûle et de plus en plus depuis plusieurs mois. Jusqu’à présent, le premier avait réservé ses piques au second à son seul entourage. Mais à la faveur des élections du 6 octobre dernier, les langues se délient. La critique est désormais publique.

Dans une interview accordée aujourd’hui à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Barro Chambrier s’en prend ouvertement à Jean Ping qu’il accuse d’avoir handicapé l’opposition à l’occasion des élections d’octobre au Gabon.

« L’attitude de Jean Ping n’a pas facilité les choses. Bien sûr, on ne peut pas tout lui imputer. Il a essayé de rester en retrait mais son silence a fini par brouiller le message de ceux qui voulaient aller aux élections et considéraient que la politique de la chaise vide n’était pas une solution. Nous avions l’opportunité de rester unis. C’était faisable, mais nous n’y sommes pas parvenus », a déclaré le président du RHM qui rêve de prendre la succession de Ping (81 ans en 2023, date de la prochaine élection présidentielle) à la tête de l’opposition gabonaise.

Dans cette même interview, Alexandre Barro Chambrier explique l’échec cuisant de son camp par sa désunion, ainsi que par la fraude organisée, assure-t-il, par le pouvoir. Des arguments peu convaincants, selon ce spécialiste de l’Afrique centrale qui enseigne dans une grande université française. « Dieu sait si je suis critique à l’accoutumée à l’endroit des autorités gabonaises. Mais justifier le résultat désastreux de l’opposition lors de ces élections d’octobre par une fraude généralisée organisée par le pouvoir n’est pas très crédible. En l’espèce, force est de constater que les conditions du scrutin ont cette fois-ci été transparentes », explique cet universitaire peu suspect d’être complaisant à l’égard d’Ali Bongo Ondimba.

La stratégie de la contestation du régime à la base de l’échec de l’opposition

Et celui-ci de poursuivre : « en réalité, ça n’est pas la fraude qui explique l’échec de l’opposition lors de ces élections. Ni même sa désunion, qui est certaine. C’est plutôt du côté de la stratégie poursuivie depuis la dernière présidentielle qu’il faut regarder. Le seul programme de l’opposition pour ces élections tenait en effet dans la contestation de la légitimité du régime d’Ali Bongo Ondimba. C’était, en réalité, la stratégie de Jean Ping qui, bon an mal an, entendait faire de ces scrutins, même s’il n’a pas voulu y participer pour diverses raisons, le troisième tour de la présidentielle de 2016 », analyse l’universitaire.

« Or, cette stratégie a totalement échoué car ce que les électeurs attendent, ce sont des propositions pour améliorer leur quotidien. Et non la poursuite d’une lutte politique qui ne figure plus, depuis septembre 2016, au cœur de leur préoccupation. », conclut-il en soulignant que « si l’opposition gabonaise veut se relever, elle devra opérer le bon constat et donc regarder la réalité en face ».

A lire le constat dressé par Alexandre Barro Chambrier dans son interview à Jeune Afrique, il est permis de douter du fait que l’opposition gabonaise soit réellement prête à se livrer à ce douloureux exercice de vérité.