Fake news : nouvelle livraison et nouvelles « confusions » pour La Lettre du Continent au sujet du Gabon

© Capture d'écran du site de La Lettre du Continent

Autrefois très lue, La Lettre du Continent a ces dernières années largement perdu de son audience et de son influence. En cause, son lectorat vieillissant mais surtout ses articles émaillés d’approximations et de prévisions pour le moins hasardeuses. La dernière livraison de ce bi-hebdomadaire, parue ce mercredi 5 septembre, ne fait pas exception.

Pour qui connaît un tant soit peu les arcanes du pouvoir au Gabon, la lecture de La Lettre du Continent a de quoi faire sourire. En témoigne son article de « une » consacré au Gabon dans sa dernière livraison en date du mercredi 5 septembre.

Intitulé « Pour espérer rebondir, Ali Bongo joue son va-tout », le papier en question est truffé d’approximations et de prévisions hasardeuses qui ont de quoi faire sourire les milieux les mieux informés dans la capitale gabonaise.

Selon La Lettre du Continent, le Gabon serait « empêtré dans une crise économique et sociale » que l’on peine à voir sur le terrain en dépit des meilleures intentions. Car la réalité est pour le moins éloignée de la peinture qu’en fait le bi-hebdomadaire. L’exécutif gabonais a repris en main la stratégie économique et mené des réformes structurelles (en matière de finances publiques, d’éducation, etc.) qui lui ont valu ces dernières semaines le soutien et le satisfecit des grandes institutions financières telles que le FMI, la Banque mondiale, la BAD, etc. Sans compter le baril de pétrole qui est passé de 30 dollars en janvier 2016 à 70 dollars aujourd’hui…

Quant à la crise sociale, on peine également à la voir. Certes, un syndicat, Dynamique Unitaire, a tenté début août de s’opposer dans la rue aux réformes du gouvernement en matière de finances publiques. Mais ce mouvement d’humeur, qui n’a duré que quelques jours, a depuis fait long feu. En termes de crise sociale, on a en réalité connu pire.

Le reste est peu ou prou du même acabit. Un exemple ? Ali Bongo devrait nommer un gouvernement resserré à l’issue des élections législatives des 6 et 27 octobre ? Oui, comme il l’a publiquement indiqué à de très nombreuses reprises. Le prochain gouvernement n’excédera pas 30 membres. Il n’était donc pas nécessaire de consulter quelque marabout pour en faire la prévision.

Toutes aussi hasardeuses sont les prédictions faites par La Lettre du Continent au sujet du futur Premier ministre (Madeleine Berre ou Denise Meckam’ne, assure le bi-hebdomadaire) censé appliquer, après sa nomination, une vaste cure d’austérité. Problème, si c’est de la réforme des finances publiques dont il s’agit, celle-ci est mise en oeuvre depuis le début du mois de juillet. Quant au nom du futur chef du gouvernement, il suffit de se donner rendez-vous en novembre pour voir ce que vaut une telle prédiction…

La prévision suivante fait encore plus sourire les cercles de pouvoir à Libreville. La Lettre du Continent indique, sans ciller, qu’Ali Bongo Ondimba songerait à remplacer son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, au profit – allez au hasard ! – du ministre du Budget Jean-Fidèle Otandault. Il n’est pas nécessaire d’épiloguer à ce sujet car, à ce stade, on mesure le degré de déconnexion entre la réalité de la situation politique au Gabon et le reflet très infidèle (notez le jeu de mot !) qu’en donne le bi-hebdomadaire. Le reste de l’article étant du même acabit, nous n’avons pas jugé utile de poursuivre davantage cet exercice.

La Lettre du Continent est réputée pour ses approximations et ses distances prises avec, c’est selon, la vérité ou la réalité. C’est en particulier le cas avec le Gabon. En mai dernier, alors que La Lettre du Continent avait commis une énième bourde attribuant à tort la propriété du site d’information Gabon Media Time à Liban Soleman avant d’admettre plusieurs jours plus tard une « confusion », un responsable politique gabonais, ex-journaliste de profession, nous avait confié son sentiment à ce sujet. « On ne lit pas La Lettre du Continent pour y trouver de l’information, mais pour voir qui cherche à nuire à qui », nous avait-il dit.

Interrogé à nouveau aujourd’hui suite à la parution de ce nouvel article dans le bi-hebdomaire, cet ex-journaliste, toujours respecté dans la profession, nous a déclaré ceci en souriant : « c’est une construction fantasmagorique. Voilà ce qui se produit quand on fait du journalisme off-shore, sans être présent sur le terrain, et en se fiant à des sources, toujours les mêmes, que l’on connait, et qui ont leur propre agenda, leurs propres intérêts », analyse-t-il.

Et celui de conclure : « au fond, tout cela n’est pas très grave. Nous sommes de moins en moins nombreux à lire cette Lettre et ceux qui le font ne cherchent pas des informations mais de la politique-fiction pour se divertir un peu entre deux rendez-vous. »

« Pour espérer rebondir » et réveiller son lectorat moribond, il faudra sans doute bien plus à La Lettre du Continent que ce genre d’article qui ne leurre aujourd’hui plus personne.