Les cours mondiaux de pétrole brut ont chuté à un plus bas depuis janvier 2019 après avoir abandonné près de 10 % depuis lundi. Si le Gabon, pays producteur, est affecté par cette baisse, le mouvement de diversification de l’économie qu’il a amorcé il y a une dizaine d’années permet, entre autres paramètres, d’en limiter les effets.
Depuis la clôture de vendredi dernier, les barils de Brent et de WTI ont lâché ainsi respectivement 9,1 % et 8,3 %. « Les craintes d’une pandémie mondiale de Covid-19 se multiplient suite aux dernières informations en provenance d’Europe et des États-Unis, et affectent également les marchés financiers : la confiance des investisseurs en souffre fortement », a expliqué Eugen Weinberg, analyste pour Commerzbank, cité par l’AFP.
Et « les perspectives concernant la demande (de pétrole) qui, selon le directeur de l’Agence Internationale de l’Energie, sera la plus faible depuis une décennie cette année quoi qu’il arrive, pourraient encore se détériorer encore plus à en juger par les remarques qu’il a faites hier à Londres », souligne Eugen Weinberg. « La consommation chinoise de pétrole a (déjà) diminué d’environ 3 millions de barils par jour », note James Williams, analyste chez WTRG Economics. Certains analystes évoquent même une diminution de 4 millions de barils par jour.
« Si l’Opep+ (les pays membres de l’Opep et leurs partenaires parmi lesquels la Russie, NDLR) tarde trop à sortir des mesures pour contrer l’impact sur la demande, les prix pourraient tomber assez vite, avec un baril de Brent pas si loin de 50 dollars », renchérit Craig Erlam, analyste pour Oanda. Les membres du cartel et leurs alliés se réunissent la semaine prochaine à Vienne, en Autriche, pour se mettre d’accord sur leur stratégie afin de soutenir les cours.
Si le Gabon, comme tout pays producteur, est affecté par cette situation, ses conséquences sont moins fortes que ce qu’elles auraient pu être il y a quelques années. Entre 2010 et 2014, le secteur pétrolier a représenté, en moyenne, 80 % des exportations, 45 % du PIB et 60 % des recettes budgétaires. Des chiffres qui sont en baisse depuis lors. En effet, conscient des limites d’une économie trop dépendante de ses ressources naturelles, dont le pétrole au premier chef, le Président Ali Bongo Ondimba a présenté un plan de diversification de l’économie. La brutale chute des cours du brut en 2014, ainsi que la conclusion d’un accord avec le FMI a encore accéléré ce mouvement, seul à même d’amortir à terme les chocs internationaux provoqués par la chute des cours mondiaux du pétrole.
Autre argument qui explique le fait que le Gabon est relativement moins exposé à cette baisse des cours du pétrole : le fait que le pays est actuellement en phase de relance de son secteur pétrolier et qu’une bonne partie de sa production potentielle n’est pas disponible sur le marché. « Certes, cela peut jouer sur les décisions d’investissement des majors mais à ce stade de prospection, l’effet est en réalité très marginal », explique un spécialiste londonien des matières premières.
Cette semaine, le ministre du Pétrole, du Gaz, des Hydrocarbures et des Mines, Vincent de Paul Massassa, était à Houston, au Texas (États-Unis), un road show afin de présenter aux investisseurs américains les 35 blocs (12 sont en eau peu profonde et 23 en eau profonde) mis aux enchères dans le cadre du « 12ème appel d’offres ». L’accueil réservé à la délégation gabonaise a été particulièrement enthousiaste (lire notre article).