Avec 0 % d’apport au PIB, la diaspora gabonaise est l’une de celles qui contribuent le moins en Afrique à l’entraide vis-à-vis de son pays d’origine (BAD)

La diaspora gabonaise, qui manifeste régulièrement Place du Trocadéro en plein cœur de Paris, transfert peu de fonds chaque année vers son pays d'origine selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement © DR

Connus pour leur propension à se manifester notamment sur les réseaux sociaux dès lors qu’il s’agit de contester le pouvoir en place, les Gabonais de l’étranger se font bien plus discrets dès lors qu’il s’agit de faire preuve de générosité et d’aider concrètement ceux restés au pays. En témoigne ce rapport de la Banque africaine de développement (BAD) qui les classent à la 52ème place sur 54 sur le continent.

« Pour faire des tweets ou des posts sur les réseaux sociaux, ou encore pour aller manifester Place du Trocadéro en plein Paris pour faire des selfies, là on les voit. Mais dès lors qu’il faut aider concrètement, il n’y a plus personne ». Cette réaction, passablement dépitée, c’est celle d’un haut-fonctionnaire du ministère des Finances à la lecture du dernier rapport de la BAD.

Publié ce mardi 7 juillet et corroborant les rapport antérieurs publiés par la Banque mondiale à ce sujet (lire notre article), celui-ci contient un tableau récapitulant les fonds reçus de la diaspora et leur pourcentage sur le PIB de 48 pays du continent. Pour la diaspora gabonaise, les chiffres sont accablants. Ceux-ci montrent en effet que, entre 2014 et 2018, les ressortissants gabonais de l’étranger ont contribué à hauteur de 0 % au produit intérieur brut (PIB) de leur pays.

La diaspora gabonaise antépénultième, c’est à dire 52ème sur 54 en Afrique

En Afrique, ils se classent en antépénultième position (troisième en partant de la fin). La contribution de la diaspora gabonaise est, en valeur absolue, tout juste devancé par Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles (des micro-Etats) et l’Angola (où le régime de transfert de fonds est très contrôle). Celle-ci n’atteint même pas les 5000 dollars, soit près de 2,9 millions de francs CFA. « Un chiffre ridiculement bas », tranche un économiste de la place librevilloise. En Afrique centrale, la diaspora gabonaise se classe en avant-dernière position.

Et ça n’est pas le contexte actuel qui permettra d’inverser la donne. Selon la BAD, avec la crise sanitaire du Covid-19 a occasionné un ralentissement des activités économiques dans les pays de destination des immigrants, en particulier dans les pays développés, ainsi que la perte d’emploi de nombre d’individus à travers le monde, les réductions des salaires, les dépenses liées au logement et l’augmentation des coûts des soins de santé. Conséquence : les ressortissants gabonais de l’étranger devraient être encore plus dépendants des envois d’argent du Gabon vers leur pays d’accueil que l’inverse.

D’après le rapport de la BAD, les pays qui en Afrique se démarquent en termes de solidarité de leur diaspora par rapport aux pays d’origine sont le Cap-Vert, les Comores, la Gambie, le Lesotho, le Liberia ou encore le Sénégal où les envois de fonds de la diaspora représentent jusqu’à plus de 10 % du PIB.

En valeur absolue, ce sont logiquement les pays dotés d’une population importante qui bénéficient le plus de la générosité de leur diaspora, à l’instar de l’Égypte et Nigeria qui ont tous deux reçu en moyenne la bagatelle de 21 milliards de dollars entre 2014 et 2018.