L’African Institute for Remittances (AIR) vient de publier les montants des transferts de fonds effectués par la diaspora africaine vers le continent en 2017, en hausse de 11,4 % par rapport à l’année précédente. La diaspora gabonaise y est l’une des moins généreuses sur le continent.
Globalement, les transferts des fonds des migrants vers l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne sont passés de 34 milliards de dollars en 2016 à 38 milliards de dollars en 2017. Une augmentation de 11,4 % qui s’explique notamment par la reprise de l’économie mondiale et à la remontée progressive des prix du pétrole. « C’est nettement supérieur à l’aide publique au développement dont on parle beaucoup. En réalité, c’est plus du double », analyse un économiste spécialiste de ces sujets à l’Agence française de Développement (AFD).
C’est le Nigeria qui a été le pays d’Afrique subsaharienne le plus actif en matière d’envoi de fonds avec 22 milliards de FCFA, suivi de l’Egypte (20 milliards) et du Maroc (7,5 milliards). En Afrique subsaharienne, le Ghana et le Sénégal (2,2 milliards de dollars chacun) ont été les plus généreux. Ils sont suivis par le Kenya (2 milliards de dollars), la Tunisie (1,9 milliard), l’Ouganda (1,4 milliard), le Mali (1 milliard), l’Afrique du Sud (0,9 milliard), l’Ethiopie (0,8 milliard), le Liberia (0,6 milliard) et le Burkina Faso (0,4 milliard).
« Il faut toutefois noter que certains pays, comme le Mali, devrait occuper une place plus haute dans le classement en raison de l’utilisation particulièrement importante de moyens de transfert de fonds informels qui ne sont pas pris en compte dans ce classement », précise cet économiste de l’AFD.
Ce rapport, publié en marge des Assemblées de printemps du groupe de la Banque mondiale et du FMI, souligne que les transferts des migrants représentent une part particulièrement importante du PIB du Libéria (27%), des Comores (21%), de la Gambie (21%), du Lesotho (15%), du Sénégal (14%) et du Cap-Vert (13%).
La diaspora gabonaise, mauvais élève
Dans ces pays, la contribution des diasporas pour soulager le quotidien des populations est donc importantes. Les fonds transférés servant pour l’essentiel à couvrir les dépenses de la vie courante (nourriture, éducation, santé, logement, etc.) mais également, dans une moindre mesure, à aider à la réalisation de projets entrepreneuriaux.
Or, dans ce rapport, il y a une grande absente. « A sa lecture, on peut dire que la diaspora gabonaise ne participe que marginalement à l’effort de solidarité envers les Gabonais restés au pays », explique un économiste de la sous-région.
« La diaspora gabonaise a pourtant les moyens de contribuer au développement de son pays, en tout cas au soulagement de la vie quotidienne des populations sur place », explique cet économiste.
Malheureusement, à l’action concrète, elle semble préférer la communication. « La diaspora gabonaise privilégie, à l’envoi de fonds vers son pays d’origine, l’envoi de photos en plan serré sur les réseaux sociaux lors de ses manifestations les weekends Place du Trocadéro à Paris », peste un opposant qui juge cette attitude inefficace, voire contre-productive.