Tensions au sein de l’opposition au Gabon : Ntoutoume Ayi contredit Jean Ping en évitant de l’humilier

Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, l'ex-porte parole de Jean Ping @ DR

L’objet de la divergence entre Jean Ping et son ex-porte parole lors de la présidentielle de 2016, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi : les élections législatives d’octobre prochain que le premier souhaiterait voir boycottées et auxquelles le second entend bien participer. 

Samedi 4 août, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, le commissaire national chargé du budget au sein de l’Union Nationale (UN), un des principaux partis d’opposition, s’est rendu dans le quartier Delta postal dans le deuxième arrondissement d’Akanda. Ces derniers temps, Ntoutoume Ayi a multiplié les rencontres dans cette circonscription dans laquelle il présentera lors des élections législatives des 6 et 27 octobre prochain.

Après avoir dressé un tableau très sombre de la situation au Gabon, celui-ci a fait une incise pour évoquer, dit-il, le point de vue de Jean Ping, le leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) sur le scrutin législatif à venir.

Manifestement mal à l’aise à ce moment-là, Ntoutoume Ayi a avancé une explication pour le moins alambiquée et difficilement compréhensible pour l’auditoire (dont les quelques journalistes présents pour l’occasion). Reconnaissant que les positions étaient divergentes à l’intérieur de la Coalition (NDLR : en réalité, les tensions y sont très fortes), l’ex-porte parole de Jean Ping, avec lequel il a pris ses distances depuis, a soutenu que l’ex-candidat de l’opposition à la présidentielle de 2016 n’aurait « jamais prôné le boycott ». Des propos qui ont provoqué des sourires amusés au sein du public, manifestement peu convaincu, venu l’écouter.

« Ce que Jean Ping a dit en ce momentlà, c’est que ceux qui ont décidé de participer auélectionlégislatives pouvaient y participer mais qu’il fallait se battre pour les gagner. Et pour ceux qui ont décidé de ne pas y aller, il faut respecter leur décision et vice et versa », a aussitôt tenté de justifier Ntoutoume Ayi après avoir perçu le scepticisme de l’auditoire. Des propos publics très éloignés de ceux que l’intéressé tient en privé.

La lutte pour la succession de Jean Ping, bientôt 76 ans, est lancée

En réalité, Jean Ping a tenté jusqu’au bout de convaincre les principaux leaders de l’opposition, qui s’étaient ralliés à sa candidature lors de la présidentielle d’août 2016, de boycotter les élections législatives au motif que celles-ci légitimeraient les institutions en place et donc valideraient de fait l’élection présidentielle d’août 2016 dont Jean Ping continue de contester la régularité.

Les dissensions entre les partisans du boycott et ceux prônant la participation ont créé ces derniers mois une vive fracture au sein de l’opposition, qui est aujourd’hui d’autant plus divisée que sept de ses membres participent au gouvernement.

Pour les observateurs, ces divergences au sein de l’opposition gabonaise sont le signe que la lutte pour la succession de Jean Ping, 76 ans en novembre prochain, est en réalité lancée. Dans l’opposition, nombreux sont ceux à considérer que le leader de la CNR a fait son temps et qu’il serait suicidaire de ne pas participer aux élections législatives à venir. Ce serait, disent-ils, laisser un boulevard au parti au pouvoir.