Signe de l’attractivité renforcée du Gabon, 11 ans après, le Medef revient

Les membres de la délégation du Medef assistant à la session « Invest in Gabon » organisée par l'ANPI-Gabon lundi 5 décembre 2022 à Libreville © Twitter/Franceaugabon

Onze après sa dernière visite, le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) international est de retour au Gabon en mission de prospection. Signe de l’intérêt porté par la France au Gabon, celle-ci est composée d’une trentaine de chefs et dirigeants d’entreprise. 

Après avoir longtemps négligé le Gabon, la France se rappelle soudain à son bon souvenir. Avant la venue d’Emmanuel Macron en mars prochain pour un One Planet Summit consacré aux forêts, c’est une délégation du Medef qui est présente cette semaine dans le pays. Une première depuis… onze ans.

Les membres de la délégation du Medef assistant à la session « Invest in Gabon » organisée par l’ANPI-Gabon lundi 5 décembre 2022 à Libreville

Hier, lundi 5 décembre, celle-ci a pris part à une session « Invest in Gabon », organisée à Libreville par l’Agence nationale de la promotion des investissements du Gabon (ANPI-Gabon). L’occasion pour elle d’exprimer son « vif désir » d’investir dans « l’énergie, le numérique, les télécommunications, les infrastructures, l’agriculture, la pêche et l’environnement » dans le cadre de « partenariats publics privés (PPP) aux côtés de l’Etat gabonais et des entreprises membres de la Fédération des entreprises du Gabon (FEG) ».

« Nous allons travailler ensemble pour construire les offres utiles au développement du pays (…) », a déclaré Jean-Michel Guelaud, président de Sogea-Satom (Vinci Construction) et président du Club des entreprises France-Afrique centrale, membre du MEDEF.« Je suis particulièrement impressionné par l’entrain et la volonté de toutes les entreprises de participer à une nouvelle ère, à une nouvelle façon de travailler entre la France et le Gabon, entre les entreprises et les pouvoirs publics pour des partenariats publics privés », a-t-il ajouté.

Lors de cette session, les responsables des principales agences de l’Etat, actives dans le domaine économique et financier, le Fonds d’investissement stratégiques (FGIS), la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et le Secrétariat exécutif du Conseil national du Plan d’accélération et de la transformation (PAT), ont présenté différents projets structurants.

Parmi eux, un projet visant à combler le déficit de 300 mégawatts en énergie du pays. Le Gabon s’est fixé comme objectif de disposer 1200 mégawatts d’ici 2025. Or, aujourd’hui, il y a 600 mégawatts de disponibles et quelques 300 mégawatts en cours de réalisation.

Les opportunités d’investissements dans le secteur de la pêche ont également été exposées avec notamment le projet de construction d’une usine de transformation du thon à Libreville. « Le Gabon est l’un des pays au monde où les réserves de thon sont les plus importantes. Ses côtes s’étalent sur plus de 800 km », fait observer un des acteurs du secteur.

En matière d’infrastructures, autre chantier prioritaire, le Gabon compte construire une nouvelle ligne de chemin de fer entre Owendo (Estuaire) et Booué dans la province de l’Ogooué Ivindo (nord-est), en vue de l’exploitation du gisement de fer de Belinga (lire notre article). L’actuelle voie ferrée est vieillissante et l’intense activité qui s’y déroule accélère sa dégradation.

« Le Gabon est un pays dont les choix stratégiques en termes de positionnement économiques sont judicieux comme le montre le vif intérêt des investisseurs », s’est réjoui ce lundi le ministre de la Promotion des investissements, Hugues Mbadinga Madiya.

La visite du Medef intervient alors que le Gabon suscite l’intérêt grandissant des investisseurs. Il est perçu comme l’un des rares pays, peut-être le seul, véritablement stable en Afrique centrale tant sur le plan sécuritaire que politique et juridique. Le Gabon est également considéré comme un partenaire fiable sur la scène internationale. En octobre dernier, le pays a présidé le Conseil de sécurité de l’ONU, instance dont il est membre jusqu’à la fin 2023. Surtout, il est devenu ces dernières années incontournable du fait de son implication dans la lutte contre le réchauffement climatique. Grâce à sa forêt qui recouvre 88 % de son territoire et qu’il préserve jalousement à coup de politiques publiques prises en modèle ailleurs, le pays est un gros contributeur à la captation du CO2 dans l’atmosphère.

Sur le plan économique, le changement est encore plus spectaculaire. En dix ans, le Gabon est passé d’une économie largement extractive et essentiellement mono-produit basée sur le pétrole à une économie de transformation bien plus diversifiée (bois, pêche, écotourisme, services financiers….).

Résultat : les investisseurs du monde entier se pressent au Gabon, qu’ils soient chinois, indiens, européens, australiens, russes, turques, où originaires du sud-est asiatique à l’instar d’Olam dont le développement dans le pays a été fulgurant. La multinationale, qui produit notamment de l’huile de palme, y a trouvé sur place un potentiel de développement énorme et des infrastructures de qualité (Port d’Owendo, ZERP de Nkok…). Elle est aujourd’hui le principal employeur privé du pays.

Compte tenu de son potentiel minier (dans le manganèse, le fer et autres), le Gabon est enfin bien positionné pour tirer parti de l’électrification et de la décarbonation de l’économie mondiale, de même que de la transition énergétique. Eramet, l’un des rares groupes miniers français, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui qui exploite la mine de Moanda, l’une des deux plus grandes mines de manganèse au monde.