[Série 3/3] LFR 2020 : Comment, en dépit de la crise du Covid-19, le Gabon compte rétablir l’équilibre de ses finances publiques

Le président gabonais a été très présent dans la résolution de la crise du Covid-19, tant sur le volet sanitaire qu'économique © DR

Pour s’adapter à la nouvelle donne consécutive à la crise du Covid-19, le Gabon a adopté en juin dernier une loi de Finances rectificative. Si celle-ci rebat les cartes en termes de priorités budgétaires avec des secteurs à la hausse (santé, prévoyance sociale…) et d’autres en baisse, en revanche, les autorités entendent bien maintenir le cap en matière de réforme de l’Etat et de retour à l’équilibre des finances publiques. 

Au Gabon comme ailleurs, la forte contraction des ressources causé par la crise du Covid-19 a entraîné un accroissement des besoins de financement.

Pour y faire face, l’Etat gabonais a privilégié deux axes. Le premier consiste en une plus grande mobilisation des recettes budgétaires supplémentaires à travers l’optimisation du recouvrement par e-tax et Sydonia world d’une part, et l’introduction de nouvelles dispositions fiscales (comme un meilleur recouvrement en matière de fiscalité forestière ou encore à l’élargissement de l’assiette de TVA), d’autre part.

Le second axe comprend à la fois une réallocation des ressources disponibles vers les secteurs les plus prioritaires et une plus grande maîtrise des charges, tant sur le volet dépenses de fonctionnement (via la poursuite de la réforme de l’Etat) que dépenses d’investissement (révision des priorités, redimensionnement des projets).

Sur le volet dépenses de fonctionnement, les autorités gabonaises comptent en effet poursuivre la réforme de l’Etat au sens large, ce qui inclut l’assainissement des finances publiques à travers la maîtrise de la masse salariale par l’intermédiaire du nettoyage du fichier Solde ; l’exploitation des résultats du recensement biométrique, ainsi que l’amélioration du système de gestion des ressources humaines ; la maîtrise des dépenses de fonctionnement par la rationalisation des baux administratifs ; une meilleure gestion des consommations publiques (eau, électricité et téléphone), ainsi que des charges relatives aux frais de déplacement des agents publics ; l’optimisation des dépenses de transferts en faveur des collectivités locales et la poursuite de la réforme relative aux subventions.

Sur le volet dépenses d’investissement, les autorités gabonaises ont redéfini leurs priorités afin de conserver l’équilibre des finances publiques en dépit de la contraction des recettes budgétaires. « L’objectif général a été de sanctuariser les dépenses sociales et plus globalement les dépenses du quotidien, autrement dit celles qui ont un effet sur la vie de tous les jours des Gabonais », explique un haut-fonctionnaire du ministère des Finances.

Celui-ci précise, en outre que « les allocations budgétaires de la loi de Finances rectificative 2020 ont été guidées, en priorité, par la couverture des charges relatives à la Covid-19 ; au fonctionnement optimal des services dits essentiels à la vie de la nation ; au respect des engagements financiers de l’Etat ; aux dépenses sociales (Santé, Education, prestations sociales et allocations d’études, etc.) ; à l’optimisation des dépenses d’investissement et à la régularisation des situations administratives, notamment les rappels de solde des personnels admis à faire valoir leurs droits à la retraite ». « A l’inverse », ajoute ce haut-fonctionnaire du ministère, « les secteurs ou les projets non-essentiels ont servi de variables d’ajustement ».

« La crise du Covid-19 a eu un effet indéniablement positif sur la gouvernance public au Gabon : celui de renforcer la hiérarchie des priorités en matière de dépense publique », se réjouit un économiste de la place librevilloise.

Les efforts importants consentis par le Gabon sur le plan financier ne devraient pas tarder à être récompensés. Le pays pourra en effet compter sur le soutien financier de la communauté internationale qui servira à combler l’écart éventuel de financement résiduel. Ce soutien sera d’autant plus conséquent que le Gabon est considéré en Afrique comme l’un des pays les plus efficaces en termes de riposte sanitaire face au Covid-19.