[Série 2/3] Loi de Finances rectificative 2020 au Gabon : Quels sont les budgets en baisse ?

La Présidence de la République gabonaise désormais dotée d'un visa de conformité et d'opportunité en matière de passation de tout contrat engageant les finances publiques de l'Etat © DR

Pour s’adapter à la nouvelle donne consécutive à la crise du Covid-19, le Gabon a adopté en juin dernier une loi de Finances rectificative qui rebat les cartes des priorités budgétaires. Si certains secteurs en ressortent gagnants (la santé + 35 %, la prévoyance sociale + 4,9 % ou encore l’économie forestière), d’autres en revanche subissent une baisse. C’est le cas notamment des financements extérieurs ou encore des financements sur ressources propres. 

Les effets de la crise sanitaire sur l’environnement international (contraction de la demande des principaux produits d’exportation gabonais, en particulier le pétrole, le manganèse, le bois) ont eu des conséquences sur l’économie gabonaise comme le ralentissement ou la mise à l’arrêt de certains secteurs d’activités, phénomènes renforcés par le nécessaire confinement des populations ainsi que la fermeture des frontières. Cela s’est traduit en particulier par une baisse de près de 597,3 milliards Fcfa des recettes budgétaires par rapport à la budgétisation initiale.

Conséquence : si certains budgets sont en hausse (santé, prévoyance sociale, économie forestière…), d’autres sont orientés à la baisse afin d’absorber la diminution prévue des recettes.

C’est le cas à la fois des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement. Parmi ces dernières, figurent notamment les financements extérieurs (avec le redimensionnement de certains projets dans les secteurs de l’eau et l’électricité, des infrastructures et de l’agriculture) et les financements sur ressources propres (même logique de révision des périmètres des projets non strictement essentiels dans des domaines comme l’enseignement supérieur, les infrastructures, l’agriculture ou encore la défense et la sécurité).

« L’objectif général a été de sanctuariser les dépenses sociales et plus globalement les dépenses du quotidien, autrement dit celles qui ont un effet sur la vie de tous les jours des Gabonais », commente un haut-fonctionnaire du ministère des Finances. « A l’inverse, les secteurs ou les projets non-essentiels ont servi de variables d’ajustement », précise-t-il.

« Si la crise du Covid-19 a eu un effet bénéfique, c’est de renforcer la priorisation et la rationalisation des dépenses de l’Etat », explique un économiste en poste à Libreville dans un grand groupe bancaire.

Pour renforcer cette logique, le Gabon vient de doter la Présidence de la République d’un visa de conformité et d’opportunité. Désormais, plus aucun contrat engageant les finances publiques ne sera signé sans l’aval de la plus haute institution du pays. Une petite révolution dont l’impact devrait être non négligeable.