Retrait de la concession d’eau et d’électricité à la SEEG : Veolia furieux, les Gabonais soulagés

Antoine Boo, directeur général de la SEEG / Veolia Gabon. Source : compte Twitter de la SEEG @SEEGgabon

Suite à l’annonce, vendredi 16 février, par le gouvernement gabonais de sa décision de rompre de manière unilatéralement la convention de concession le liant à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), le Groupe français Veolia, concessionnaire et actionnaire de la SEEG à hauteur de 51 %, a vivement réagi par voie de communiqué.

« Des hommes en armes ont réquisitionné la SEEG – Société d’énergie et d’eau du Gabon, sur décision du Ministère de l’Eau et de l’Energie du Gabon », indique un communiqué du groupe parvenu à la presse vendredi soir, qui précise par ailleurs que « Veolia proteste vigoureusement contre cette action brutale menée en dehors de toute règle de droit et met tout en œuvre pour soutenir ses employés au Gabon, engagés depuis deux décennies pour fournir le meilleur service public d’eau et d’électricité aux citoyens gabonais ».

Communiqué de presse de la SEEG en date du 16 février 2018.

L’entreprise française avait remporté la concession de l’eau et de l’électricité publique du Gabon, aux termes d’un contrat d’une durée de vingt ans, par lequel elle était devenue l’actionnaire majoritaire de la SEEG. Établie depuis plus 20 ans, Veolia affirme être l’un des plus grands employeurs et investisseurs étrangers au Gabon, avançant le chiffre de 366 milliards FCFA, soit près de 558 millions d’euros depuis 1997.

Soulagement à Libreville

Des éléments qui peinent toutefois à convaincre les habitants de Libreville, lassés depuis longtemps par les coupures d’eau intempestives, ainsi que par les délestages fréquents du réseau électrique. « Aujourd’hui, je suis soulagé », confie Steeve, un habitant du 3ème arrondissement de la capitale gabonaise. « Nos autorités ont enfin eu le courage de prendre une décision qui aurait dû être prise depuis longtemps », nous dit-il.

Même son de cloche du côté de Christiane, une commerçante de la capitale, mère de trois enfants. « On reçoit des factures mirobolantes auxquelles on ne comprend rien, alors même que l’on a pas de l’eau et de l’électricité tous les jours », déclare-t-elle.

Tweet de Caroline Sitault. Source : compte Twitter @CSitault.

Sur les réseaux sociaux, la tonalité est identique. Réagissant au contenu du communiqué de la SEEG / Veolia, une twitto gabonaise, Caroline Sitault, a dénoncé la communication de l’entreprise française. « Parlez-nous des coupures intempestives, du nombre de villages, quartiers et ménages qui n’ont pas d’eau au Gabon, de vos factures exhorbitantes, de votre gestion de la relation clients cahotique et irrespectueuse », a-t-elle écrit sur ce réseau social, en ajoutant dans un autre tweet : « aujourd’hui, les Gabonais sont en joie ».

Tweet de Pahe. Source : compte Twitter @pahedipoula

Toujours sur Twitter, le caricaturiste Pahé a tourné en dérision le communiqué de la SEEG / Veolia, le qualifiant de « blabla » et soulignant qu’il était « trop tard » pour réagir ainsi. « La SEEG dénonce la rupture du contrat mais pas ses nombreuses coupures », a-t-il ironisé.

De manière plus générale, sur les différents sociaux, la quasi-totalité des propos émanant des Gabonais allaient dans le même sens. Et pour cause, « la SEEG ne peut pas prendre à témoin l’opinion. Même si elle essaie de se victimiser, son discours ne prend pas car les seules victimes, ce sont les Gabonais qui pendant plusieurs années ont subi le diktat d’une entreprise qui a été tout sauf exemplaire, » a déclaré à La Libreville le responsable de l’une des plus grandes organisations de défense des consommateurs.

Aujourd’hui, dans les rues de la capitale gabonaise, c’était le soulagement qui dominait. « J’espère que c’est la fin de notre calvaire », nous lance Richard, un des nombreux taximen de la capitale. Un espoir largement partagé par les Librevillois.