Polémique au Gabon : Marc Ona tente de voler au secours de Laurence Ndong

Marc Ona Essangui et Laurence Ndong en décembre 2016 à Paris © DR

A la peine, l’activiste Laurence Ndong, recadrée par la politologue Delphine Lecoutre suite à ses propos sur de prétendus actes de torture au Gabon, a vu un de ses collègues, Marc Ona Essangui, voler à son secours. Pas sûr que son argumentaire, pour le moins bancal, suffise à permettre à l’ex-porte-parole de Jean Ping,  de sortir la tête de l’eau. 

Laurence Ndong ne sait plus comment s’en sortir. Confondue par la politologue Delphine Lecoutre, membre de Tournons la page et d’Amnesty International pour diffusion de fake news sur de prétendus actes de torture sur la personne d’un militant pro-Ping arrêté le weekend dernier à Port-Gentil (lire notre article), l’activiste se noie un peu plus à chacun de ses tweets.

Après avoir essayé d’inverser la charge de la preuve (« Mme Delphine Lecoutre vous dites que non, et si vous apportiez votre preuve puisque c’est vous qui venez me porter la contradiction »), après avoir convoqué un témoignage censé la tirer d’affaire (« Mme Delphine Lecoutre, voici le post de Cyr Gervais Assoumou, frère, compagnon de lutte de (David Pandjo Ngoma, alias Peter Brady, c’est le référent du dossier à Port Gentil »), Laurence Ndong a fini par baisser pavillon et rendre les armes (« Mme Delphine Lecoutre, cette polémique est inutile »).

C’est alors que Marc Ona Essangui, tel un chevalier blanc, a volé à son secours. « Est-ce qu’Amnesty International et Delphine Lecoutre reconnaissent au moins que Peter Brady est détenu arbitrairement quelque part à Port Gentil au Gabon ? Au lieu de soulever une polémique, reconnaissez qu’une détention arbitraire est une torture. Nous attendons un communiqué de vous », a-t-il réagi sur Twitter ce jeudi 3 janvier.

Pour chevaleresque qu’elle soit, pas sûr pour autant que l’initiative se révèle efficace. D’une part, l’argumentaire de Marc Ona est rendu tout aussi inaudible que celui de Laurence Ndong en raison de son caractère excessif. Contrairement à ce qu’affirme sans preuve l’activiste, David Pandjo Ngoma n’est pas en « détention arbitraire » mais en garde à vue. Il lui est reproché d’être l’auteur de tags anti-système sur les murs de la BEAC à Port-Gentil mais également de messages injurieux à l’encontre du président de la République et de son entourage depuis plus de deux ans sous le profil anonyme de Peter Brady Akewa, ce que les enquêteurs ont découvert à l’occasion de leurs investigations. Or, rappelle-t-on de sources judiciaires, « ces posts sur Facebook et ces tweets sont des infractions qui relèvent de l’injure publique, de l’outrage et de la diffamation, toutes constitutives d’un délit pénalement répréhensible. »

Par ailleurs, assimiler une « détention arbitraire » à une « torture », simplement pour pouvoir affirmer que Laurence Ndong a raison relève d’une entreprise sophistique périlleuse. Au passage, on relève en creux une critique à l’endroit de Delphine Lecoutre : celle-ci n’aurait tout simplement pas compris le sens des propos de Laurence Ndong. Pas très élégant.

Un activiste controversé au point de vue critique et sans nuance

Outre la méthode utilisée, c’est le messager lui-même qui pose question. La personne de Marc Ona est en effet loin de faire l’unanimité au Gabon. Membre du collectif Appel à agir, l’activiste est devenu ces dernières années la coqueluche des médias internationaux (français en réalité) qui le considérent comme un « bon client » pour son point de vue critique et sans nuance (lire notre article). Mais à l’international seulement. « Au Gabon, il ne représente politiquement pas grand chose, c’est pourquoi il est très peu sollicité », explique le journaliste de L’Union. De fait, Marc Ona tente de compenser son absence de représentativité politique par un surcroît de visibilité médiatique. Une stratégie classique.

En outre, comme beaucoup le font observer, y compris dans les rangs de l’opposition, « Marc Ona est davantage connu ici pour relayer des fake news sur les réseaux sociaux ». Le 19 décembre dernier, au lendemain du sommet extraordinaire de la CEEAC à Libreville, Marc Ona Essangui avait sciemment minoré le nombre de chefs d’Etat présents à l’occasion afin de tenter d’atténuer le succès diplomatique d’un tel événement pour le président gabonais, Ali Bongo Ondimba (voir son tweet).

Manifestement, hier, il vient d’ajouter une nouvelle perle à son chapelet de fake news. Pas sur que ce soit la stratégie la plus efficace. Comme l’explique un professeur en science en communication de l’UOB, « on ne défend pas quelqu’un auteur d’une fake news en répandant soi-même des fake news ».