Pétrole : L’Opep+, dont le Gabon est membre, conserve une ligne prudente dans un contexte de forte hausse du prix du baril

Le ministre du Pétrole du Gabon, Vincent de Paul Massassa, a participé à la réunion de l'OPEP+ en visioconférence ce jeudi 4 mars © DR

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) – dont est membre le Gabon – et leurs alliés, connus sous l’acronyme Opep+, ont adopté hier, jeudi, une posture prudente malgré le retour en grâce des prix qui laissait entrevoir une ouverture des vannes plus large. Une décision qui ce matin entretient la hausse des cours, déjà soutenue.

Alors que les analystes s’attendaient à des divergences entre les deux poids lourds de l’alliance, la Russie et l’Arabie saoudite, la réunion a été bouclée en moins de trois heures et a débouché sur la décision de n’augmenter qu’à la marge la production d’or noir le mois prochain.

Le cartel a ainsi opté pour le maintien des volumes au même niveau que mars, à l’exception de la Russie et du Kazakhstan, à l’issue de ce deuxième sommet de l’année qui se tenait par vidéoconférence.

« Prudence »

« L’incertitude qui entoure le rythme de la reprise n’a pas diminué. Il est difficile de faire des prévisions dans un environnement aussi imprévisible, j’en appelle donc à la prudence et à la vigilance », avait averti en préambule le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz ben Salmane.

Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, chargé de l’Energie, d’habitude pourtant prompt à appeler au retour à la normale, a tenu des propos similaires à l’issue de la réunion et évoqué un « optimisme prudent ».

Car si les perspectives économiques sont meilleures, la vitesse de la reprise de la demande reste soumise à beaucoup d’aléas, dont le succès des campagnes de vaccination qui sont à certains endroits poussives.

Dans son rapport mensuel mi-février, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a jugé que le rééquilibrage du marché pétrolier restait « fragile » en début d’année et avertissait sur la propagation des nouveaux variants du coronavirus.

« Bon accord »

La différence d’approche entre la Russie et l’Arabie saoudite, respectivement deuxième et troisième producteurs mondiaux derrière les Etats-Unis, avait été largement gommée depuis près d’un an tant les cours étaient bas, mais les experts craignaient que le retour des prix à un niveau comparable à la période précédant la pandémie de Covid-19 n’accentue les tensions.

Mais l’heure était toujours à l’entente: « Nous avons un bon accord », s’est félicité Abdelaziz ben Salmane. « Ce consensus nous permet d’aller de l’avant ».

La Russie et le Kazakhstan, les deux pays exemptés, pourront augmenter leur offre d’un total de 150.000 barils quotidiens pour satisfaire la demande intérieure, quand Ryad maintiendra son retrait volontaire et supplémentaire d’un million de barils par jour le mois prochain.

« Vous ne pouvez pas continuer à inviter à la prudence, la prudence et encore la prudence sans l’appliquer à vous-même », a commenté le ministre saoudien.

Au final, l’alliance a convenu de laisser sous terre près de 7 millions de barils quotidiens en avril, une véritable « surprise » pour le marché qui s’attendait à davantage de barils remis en circulation, selon les analystes.

« Résultat positif »

Lors de son dernier sommet en janvier, les négociations avaient été âpres. L’Opep+ était convenu d’ouvrir petit à petit les vannes jusqu’en mars, usant ainsi avec doigté de son principal pouvoir : jouer du robinet d’or noir pour garder la main sur l’équilibre entre offre et demande.

Le cartel doit également surveiller le respect des quotas par chacun des membres, gage de sérieux et de crédibilité de l’accord, ainsi que la concurrence américaine, qui bénéficie elle aussi de la remontée des prix.

Cette décision était accueillie très favorablement par le marché: les deux cours de référence, le Brent et le WTI, grimpaient de près de 5 % peu avant la clôture, retrouvant temporairement des prix plus vus depuis début janvier 2020.

« C’est clairement un résultat positif pour les prix du pétrole », a commenté Fawad Razaqzada, analyste de Thinkmarkets, une société spécialisée dans l’analyse des marchés.

« Maintenant que les vaccinations sont bien avancées dans d’importantes régions du monde, la demande devrait apporter du soutien aux prix au cours des prochains mois », a-t-il ajouté.

Le Gabon 7ème producteur africain

L’alliance est par ailleurs convenue de se retrouver lors d’un prochain sommet le 1er avril. Ce sera déjà le troisième de l’année, un rythme effréné qui illustre l’ampleur du choc de la pandémie de Covid-19 pour les producteurs de pétrole qui, toutefois, retrouvent peu à peu le sourire.

Pour rappel, le Gabon, pays membre de l’OPEP, est le 7ème pays producteur de brut en Afrique. En 2019, il avait extrait de son sous-sol 218 000 barils / jour. En dépit d’un important effort de diversification ces dernières années (le secteur pétrolier est passé de 42,2 % du PIB en 2010 à 32,7 % en 2019), les recettes budgétaires du pays continuent de dépendre à 69 % des cours du brut.

(Avec AFP)