Pétrole : Les pays producteurs suspendus à la réunion de l’Opep et de ses alliés qui pourrait accentuer la remontée du prix du baril

Le Gabon produit actuellement près de 200 000 barils de pétrole par jour @ DR

Cette semaine, le prix du baril de Brent et du WTI a fortement augmenté, après une chute brutale fin mars. Le marché pressent un accord entre les principaux producteurs portant sur une baisse significative de la production, de l’ordre de 10 millions de barils jours sur les 25 produits actuellement, pour faire remonter les cours.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie se réuniront la semaine prochaine par visioconférence doit permettre de discuter d’une réduction massive de la production, à hauteur de 10 millions de barils par jour (mbj), un volume évoqué par Vladimir Poutine vendredi. Prévue initialement lundi, cette réunion devrait finalement avoir lieu mercredi ou jeudi selon certaines sources.

Après une passe d’armes ayant fait chuter les cours, l’Arabie Saoudite, leader de l’Opep, et la Russie, non membre du cartel, semblent vouloir de nouveau coopérer. Le président russe a ainsi déclaré vendredi qu’il était « nécessaire d’unir les efforts pour équilibrer le marché et réduire la production ». Un accord qui permettrait de rééquilibrer le déficit de la demande, de ramener les prix à des niveaux plus rentables et d’éviter les arrêts de production. A ce stade, le principal point dur de la discussion réside dans la quantité que chaque producteur sera prêt à prendre pour lui.

Le chiffre de 10 mbj est colossal puisqu’il représente à lui seul grosso modo la production russe ou saoudienne, respectivement de 10,7 mbj et 9,8 mbj au mois de février, selon le dernier rapport mensuel de l’Opep.

Prenant par surprise les marchés, qui ont tout de suite bondi à sa lecture, Donald Trump disait « espérer et s’attendre » à ce que Ryad et Moscou réduisent leur production « d’environ dix millions de barils, et peut-être nettement plus », faisant ainsi rebondir violemment les cours. Jeudi a été une journée historique car elle a marqué la hausse la plus importante de tous les temps sur le marché pétrolier.

Le président Trump a en effet promis de défendre le secteur pétrolier américain, premier producteur mondial avec 13 mbj, mais dont le pétrole de schiste a un coût de revient élevé et n’est plus rentable aux cours actuels.

L’ombre de Washington plane sur les discussions à venir, Ryad ayant prévenu qu’elles auraient lieu « à la demande du président des Etats-Unis Donald Trump », selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA.

Selon une source russe citée par l’agence TASS, le régulateur américain a même été invité à prendre part à la réunion. Vladimir Poutine a déclaré à être prêt « à coopérer avec les Etats-Uni».

Le principal enjeu pour le cartel et ses alliés sera d’éviter le fiasco de la précédente réunion, qui s’est soldée non seulement par une absence d’accord mais par une guerre des prix lancée par l’Arabie saoudite.

Les prix du brut, déjà malmenés par une demande au point mort à mesure que les politiques strictes de confinement des populations se généralisaient à travers le monde en réponse à la pandémie de Covid-19, avaient ensuite plongé jusqu’à atteindre lundi des niveaux plus vus depuis 2002.

Les deux cours de référence, celui du baril de Brent européen et celui du WTI américain, ont bouclé en ce début d’année le pire trimestre de leur histoire, avec des prix divisés par trois sur la période.

La perspective d’un apaisement de la guerre des prix et d’une production enfin jugulée de manière conjointe, a toutefois permis jeudi et vendredi aux cours de se reprendre.

Ce vendredi, le baril de brent cotait à 34,67 dollars et le WTI à 28,94 dollars contre respectivement 21,65 dollars et 19,27 dollars le 31 mars dernier.