Mays Mouissi : « Peu de Gabonais pleureront sur le sort de Veolia »

Des employés de la SEEG. Source : Twitter.

Dans une interview publiée ce jour par notre confrère La Tribune Afrique, l’analyste économique est revenu sur la décision du Gabon de mettre un terme à la convention de concession le liant à la SEEG, filiale de l’entreprise française Veolia.

Tout en s’interrogeant sur la forme et sur le fond de cette décision, Mays Moussi est revenu sur le sort peu enviable que subissent depuis longtemps les usages de la SEEG. « Peu de Gabonais pleureront sur le sort de Veolia tant sa qualité de service dans la fourniture d’eau et d’électricité aux usagers est médiocre », déclare l’analyste économique, avant de préciser : « les délestages sont le lot quotidien des Gabonais, des quartiers entiers de Libreville et de sa proche banlieue peuvent être privés d’eau pendant deux semaines sans que ne soit enregistrée une baisse du montant à payer sur la facture. Veolia fait payer aux usagers des poteaux électriques à plusieurs millions FCFA quand ces derniers veulent se raccorder à son réseau puis s’en attribue unilatéralement la propriété, il faut parfois attendre plus de 6 mois entre la demande d’un compteur (d’eau ou d’électricité) et la pose, etc. La réalité est que Veolia n’était déjà pas très populaire au sein de l’opinion. »

Belles marges bénéficiaires

M. Moussi, qui pointe des responsabilités partagées entre l’Etat gabonais et l’entreprise française, est revenu par ailleurs sur le niveau des investissements réalisés par la SEEG, l’un des principaux axes de défense de Veolia dans ce dossier. Cette dernière « revendique 366 milliards FCFA d’investissements en 20 ans, des taux de desserte en eau et en électricité proches de 90 % et un nombre de clients desservis en hausse 200 % », rappelle l’analyste avant d’ajouter : « malgré cela et au regard de la qualité de service de la filiale gabonaise de Veolia, il est évident que l’entreprise n’a pas assez investi pour fournir un service à la hauteur des attentes des usagers grâce à qui elle a réalisé de belles marges pendant 20 ans. »

Ce matin à Libreville, il ne se trouver personne en effet pour pleurer sur le sort de l’entreprise française. Toutes les personnes interrogées, en revanche, disaient leur espoir qu’une solution soit trouvée afin d’améliorer la situation. « On envoie des gens dans l’espace depuis cinquante ans. On devrait tout de même pouvoir amener l’eau et l’électricité à Libreville », nous a glissé dans un sourire malicieux l’une d’entre elles.