Porté notamment par la COP26 et les annonces de la coalition allemande sur un prix plancher de la tonne de CO 2 à 60 euros, le carbone a franchi pas moins de huit records ces dix derniers jours. Le prix que les industriels de certains secteurs doivent payer pour compenser leurs émissions a plus que doublé depuis le début de l’année. Une bonne nouvelle pour le Gabon, l’un des rares pays au monde à être « carbone négatif » (c’est à dire à capter plus de CO2 qu’il n’en émet).
Depuis la fin de la COP 26, le carbone semble regonflé à bloc. La tonne de CO2 a pris pas moins de 18,5 % sur le marché européen des quotas carbone depuis le 15 novembre. Son prix a plus que doublé depuis le début de l’année.
Parmi les principaux facteurs qui ont encouragé cette hausse, le marché semble avoir été encouragé par les résultats de la COP26, notamment l’accord autour des marchés du carbone. La finalisation de l’article 6 de l’Accord de Paris sur les crédits carbone a attiré l’œil des investisseurs sur la thématique carbone en général et sur le marché européen des quotas en particulier. Les fonds d’investissement ont notamment augmenté leur participation. « La COP26 a contribué à donner un élan haussier », explique un analyste spécialisé sur le carbone.
Par ailleurs, si certains investisseurs avaient pu craindre que l’envolée des prix du carbone pousserait la Commission européenne à intervenir pour limiter la spéculation, ils auront été totalement rassurés par les conclusions du gendarme des marchés en fin de semaine dernière. Alors qu’en pleine crise des prix de l’énergie, certains pays s’étaient inquiétés de l’envolée du carbone et avaient demandé à mettre fin à la spéculation sur le marché européen, l’ESMA a conclu qu’il n’y avait aucune manipulation de marché, ni même de spéculation excessive sur le système d’échange de quotas européen. A la suite de la publication de ce rapport préliminaire, la tonne de carbone avait déjà frôlé les 70 euros.
Prix plancher
Enfin, mercredi, la nouvelle coalition allemande dirigée par Olaf Scholz a annoncé une sortie anticipée du charbon et demandé qu’un prix plancher du carbone à 60 euros soit fixé sur le marché européen. La mesure a peu de chance d’aboutir sur le marché européen dans son ensemble, mais Berlin se dit prêt à l’instaurer uniquement pour les quotas allemands.
Un prix plancher à 60 euros n’est pas d’une ambition folle si l’on considère que la tonne de carbone pourrait de toute manière franchir les 100 euros en 2030. « Mais cela peut limiter le risque de baisse », explique Sebastian Rilling. Dès mercredi soir, le carbone avait bondi de plus de 5 %, à plus de 73 euros.
Ces perspectives pourraient à terme fortement favoriser le Gabon, pays, qui grâce à son territoire recouvert à près de 88 % par une épaisse forêt équatoriale, le deuxième poumon vert de la planète, est l’un des rares à être « carbone négatif » (c’est-à-dire à capter plus de CO2 qu’il n’en émet). C’est ici que l’expression utilisée par le président Ali Bongo Ondimba, « l’or vert replacera l’or noir », prend tout son sens.