« Le manganèse extrait au Gabon génère à lui seul 62 % du chiffre d’affaires annuel d’Eramet » (Les Echos)

La mine de Moanda dans le Haut-Ogooué au Gabon © DR

Le grand quotidien économique français consacre dans son édition du jour un long reportage à l’extraction du manganèse au Gabon par la Comilog, société dont le capital est réparti principalement entre le groupe minier français Eramet (64 %) et l’Etat gabonais (28 %). En voici quelques extraits. 

« Le quotidien de (Stéphane Fréville, ingénieur à la Compagnie minière de l’Ogooué, consiste à superviser la mise en route de ce nouveau site (le plateau d’Okouma, au sud-est du Gabon) pour compléter le plateau historique de Bangombé, où l’essentiel des volumes sont extraits. Objectif ? Maintenir Moanda au rang de plus grande mine de manganèse au monde. Ce gisement de classe mondiale, tant par sa teneur exceptionnelle que par sa taille (25 % des réserves de la planète), se situe à une heure de voiture de Franceville, la troisième ville du pays. Il est exploité par la Comilog, détenue à 64 % par le groupe minier français Eramet et à 28 % par l’Etat gabonais.

Peu connu du grand public, le manganèse est pourtant le quatrième métal le plus utilisé après le fer, l’aluminium et le cuivre. On en trouve dans l’agroalimentaire (engrais et nourriture animale), mais 90 % de son utilisation se fait en alliage avec le fer dans la fabrication des aciers d’infrastructures solides. Sans manganèse, pas de pont, pas d’immeuble ni d’oléoduc… et pas de voiture électrique, car il est aussi l’un des ingrédients incontournables de la chimie des batteries aux côtés du lithium, du nickel et du cobalt. Le contexte global de relance à coups de plans d’infrastructures et d’électrification massive est donc plutôt porteur.

60 % du chiffre d’affaires

Ce gisement est au cœur de la stratégie d’Eramet. Depuis son arrivée à la tête du groupe, Christel Bories a décidé de recentrer celui-ci exclusivement sur l’extraction minière et la métallurgie. Or le métal extrait au Gabon génère 62 % des 3,67 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre seulement 29 % pour le nickel et un peu moins de 10 % pour les sables minéralisés au Sénégal.

Le manganèse, c’est donc le joyau de la couronne Eramet, et il convient de le choyer. Par ailleurs, la PDG a décidé de positionner le groupe sur les métaux de la transition en développant une mine de nickel en Indonésie ou encore en lançant un projet lithium en Argentine. Le manganèse aussi joue son rôle dans cette feuille de route, puisqu’une partie de la production gabonaise est orientée vers les batteries de voitures électriques.

La mise en exploitation du plateau d’Okouma a dopé la production aux stéroïdes. Toutes les installations ne sont pas terminées, mais elle va dépasser le million de tonnes cette année. Avec le plateau de Bangombé, la Comilog s’apprête à sortir de terre 7,5 millions de tonnes en 2022, contre 7 millions l’an passé. Et ce chiffre devrait encore augmenter, une fois que l’ensemble de l’appareil industriel sera mis en place. Les objectifs seront nettement dépassés, laisse-t-on entendre au sein du groupe. En 2018, la Comilog produisait à peine 5 millions de tonnes.

Transformation métallurgique

L’autre volet de la stratégie se joue dans les usines en contrebas de la mine. Une usine augmente la teneur du minerai, l’autre produit du silicomanganèse, un alliage très recherché dans la sidérurgie qui se facture près de 1.300 dollars la tonne. « Nous sommes fiers de réaliser une part de la transformation minéralurgique et métallurgique sur le site de Moanda », souligne Jean-Yves Blandin, directeur de la transformation métallurgique. Surtout, la Comilog a abandonné la production de manganèse métal, trop énergivore, pour lui préférer l’oxyde de manganèse.

« L’oxyde de manganèse récemment développé répond à divers marchés dont celui, prometteur, des batteries électriques », explique Jean-Yves Blandin. C’est principalement un ingrédient de l’agrochimie, mais il peut aussi être mis en solution et être utilisé dans la fabrication de batteries.

Pour obtenir cette précieuse poudre, le métal passe dans un calcinateur à 950 degrés avec du charbon de coke. « Au cours de la calcination, le métal va changer d’aspect, il va passer du noir au brun verdâtre. La couleur est un bon moyen de vérifier que le procédé se déroule bien », détaille Idriss Moundoungou, responsable de la calcination. En 2022, la production de cet oxyde va atteindre les 7.000 tonnes. Mais les capacités de production, elles, peuvent aller jusqu’à 50.000 tonnes. »

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