Le Gabon prend une série de mesures pour prévenir les abus dans la passation des marchés publics et mieux évaluer la dépense publique

Le Palais du Bord de mer, siège de la Présidence gabonaise, est le lieu où se tiennent les conseils des ministres © DR

Ce vendredi 31 janvier, le conseil des ministres présidé par Ali Bongo Ondimba a entériné deux projets de décret visant à lutter contre les pratiques illicites et les abus en matière d’argent public. Le premier porte sur la création d’une Direction Générale des Marchés Publics (DGMP), le second sur la réorganisation de la toute puissante Direction Générale du Budget et des Finances Publiques (DGBFIP).

Le premier projet (création d’une Direction Générale des Marchés Publics) est motivé, selon ses promoteurs, par « la nécessité de séparer les rôles de la chaîne de dépense pour un meilleur contrôle et d’assurer une gestion rationnelle de la commande publique ». Désormais, c’est la DGMP qui sera chargée d’assurer l’exécution de la politique du gouvernement en matière de passation, d’approbation et de contrôle de l’exécution des marchés publics. En clair, entre celui qui passe le marché public (l’ordonnateur) et celui chargé de l’exécuter (le comptable), les entités et les rôles seront désormais plus nettement distingués. Ça n’est donc plus à la toute puissante DGBFIP, à la tête de laquelle Fabrice Bongo Andjoua a été confirmé, de tout faire en la matière. De quoi favoriser un meilleur contrôle et lutter contre les pratiques illicites (corruption, surfacturation…) comme dans le cas de l’affaire Santullo ou Eurofinsa. Reste toutefois désormais à connaître précisément le départ entre les missions de la nouvelle DGMP et l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) afin d’éviter tout éventuellement chevauchement.

Concernant le second projet de décret (réorganisation de la Direction Générale du Budget et des Finances Publiques chargée de mettre en œuvre la politique budgétaire et des finances publiques de l’Etat), l’essentiel de la réforme consiste à créer une inspection des services, pour promouvoir et dynamiser les contrôles et audit internes et à introduire de nouvelles missions (en matière d’évaluation des risques budgétaires, de programmation des investissements et de surveillance financière des établissements publics de l’Etat conformément aux recommandations des partenaires techniques et financiers, notamment du FMI).

« Ces mesures font écho au discours prononcé par le président Ali Bongo Ondimba le 31 décembre dernier sur la nécessité d’un meilleur contrôle et d’une meilleure gestion des deniers publics au Gabon. On peut dire qu’elles en sont la traduction concrète. Globalement, en matière de dépense publique, il nous faut faire mieux en termes d’impact socio-économique avec ce dont on dispose, les moyens n’étant pas indéfiniment extensibles », commente une source proche du Palais du Bord de mer.