« La dissolution de la Gabon Oil Marketing était inévitable » (Edson Mvou)

Le directeur général de la Gabon Oil Marketing, Edson Mvou © DR

Dans une interview à nos confrères de Médias 241, le directeur général de la GOM, nommé en novembre 2019 en remplacement de Christian Patrichi Tanasa, incarcéré dans le cadre de l’opération Scorpion, est revenu sur les raisons de la décision du gouvernement d’août dernier de dissoudre cette société. Une décision inévitable selon lui.

« A mon arrivée à la tête de la GOM (en novembre 2019, NDLR), j’ai trouvé une situation financière et opérationnelle très préoccupante. Les différents audits diligentés par le groupe et l’administration ont mis en évidence d’importantes dérives de gouvernance sur les précédents exercices (2019, 2018) qui ont créé une situation d’endettement hors de proportion et sans rapport avec la capacité réelle de l’entreprise à résorber de telles dettes », explique Edson Mvou.

Certaines opérations de la société n’étaient pas en adéquation avec son objet social et donc le chiffre d’affaire généré par l’activité couvrait certaines dépenses non essentielles en tout cas, pas du tout en rapport avec les fonctions principales de l’entreprise, ajoute le DG de la GOM.

Malgré tout, celui-ci a tenté durant les mois écoulés de maintenir tant bien que mal à flot la société. Comment ? Edson Mvou répond avec précision.

« La première tâche a consisté à ramener la société vers son métier de base c’est-à-dire, le trading des produits pétroliers et la commercialisation de la production de la raffinerie. Une démarche rendue possible grâce au soutien de l’Etat vers le milieu de l’année 2019 qui s’était substitué à la GOM pour résorber la dette générée par cette société vis-à-vis de la SOGARA. Nous avons aussi procédé à une réduction drastique de l’ensemble des dépenses de fonctionnement et les avons diminuées avec mon équipe en 2020 à près de 80 % par rapport au niveau de réalisation des années 2019 et 2018. Enfin, nous avons arrêté beaucoup de contrats toxiques qui obéraient les finances de l’entreprise », indique le DG de la GOM.

Selon lui, la dissolution de l’entreprise, actée lors du conseil des ministres du 14 août 2020, était inévitable. « Lorsqu’une société présente une situation du bilan avec des capitaux propres négatifs et un endettement important et cumulé sur plusieurs années, et lorsqu’on a des raisons de penser que son fonctionnement à l’avenir, même en opérant normalement, ne permettra pas de résorber ses dettes, les actionnaires sont fondés à dissoudre l’entreprise. C’est ce qui s’est passé avec la GOM », expose M. Mvou.

La situation était d’autant moins réversible que la crise du Covid-19, qui a affecté toute la filière, a rendu vain les efforts de redressement de la GOM.

La GOM est l’une des trois filiales de la GOC dissoutes lors du conseil des ministres du 14 novembre 2020. La GOC qui est au cœur d’un vaste scandale de corruption. Selon le quotidien L’Union, en quelques mois, la bagatelle de 85 milliards de francs CFA aurait été divertie de ses caisses par la direction précédente à la tête de laquelle se trouvait Christian Patrichi Tanasa, un proche de l’ex-directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga. Tous deux ont été incarcérés en décembre dernier après avoir été mis en examen pour corruption et détournement de fonds publics.

Dans une lettre datée du 5 novembre dernier adressée au ministre du Pétrole, les employés de Gabon Oil Marketing ont déploré d’avoir à subir « les conséquences de multiples détournements et d’une mauvaise gestion du management précédent. »

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