« La dette publique française sera supérieure à 100 % du PIB durant 10 ans », selon le président de la Cour des comptes

Le président de la Cour des comptes françaises, Pierre Moscovici serein face à l'explosion de la dette publique en France © DR

La dette publique française a explosé en ce début d’année, atteignant les 120 % du PIB en raison de la crise du Covid-19. Pour autant, la question est loin de donner lieu comme au Gabon, où la dette n’est « que » de 70 % du PIB, à des polémiques stériles.

« Nous allons vivre pendant dix ans au moins avec une dette publique supérieure à 100 % du PIB. Nous allons vivre pendant au moins 5 ans, 4 à 5 ans, avec des déficits budgétaires supérieurs à 3 % du PIB », a déclaré ce dimanche le président de la Cour des comptes française, Pierre Moscovici.

La France a dépensé sans compter depuis le printemps 2020 pour faire face à la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie de Covid-19, avec plus de 86 milliards d’euros déboursés pour soutenir les entreprises et le secteur de la santé.

Le pays devrait ainsi avoir terminé l’année 2020 avec une dette d’environ 120 % du PIB, qui devrait encore gonfler à 122,4 % cette année du fait de nouvelles dépenses pour soutenir l’économie, prévoit le gouvernement.

Pour M. Moscovici, il n’y a pas de problème à ce niveau de dépense publique dans le contexte de l’épidémie. « La dépense publique ne peut plus être considérée comme un ennemi. À crise exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles », a-t-il défendu, serein.

Et selon lui, « le regard doit changer » sur la perception des dépenses publiques. L’enjeu n’est pas « est-ce qu’il y a trop de déficit ? », mais « comment est-ce que dans l’avenir on doit avoir une dette soutenable pour que nos enfants ne soient pas écrasés par le poids de la dette dans quelques années ? », a-t-il insisté.

« Il faut se demander, avant tout, à quoi sert la dépense publique ? Est-ce que l’argent public est bien dépensé ? Est-ce qu’il va au bon endroit ? », a encore affirmé Pierre Moscovici.

Des propos très éloignés de ceux qui entourent les débats sur la dette au Gabon. Depuis que l’opposition radicale s’est emparée du sujet, celui-ci fait largement l’objet d’une instrumentalisation politicienne. Pas de quoi cependant déstabiliser le gouvernement qui travaille actuellement à « stimuler la croissance » et à « rendre l’endettement soutenable » afin de redonner au pays des marges de manœuvre. Deux problématiques au cœur d’un séminaire qui se déroule aujourd’hui et demain à Libreville (lire notre article).

(Avec AFP)