Interview : « Une partie de l’avenir économique du Gabon se joue dans la filière verte » (Yannick Ongonwou Sonnet)

Fraîchement nommé Haut-Commissaire à l’Environnement et au cadre de vie à la faveur du conseil des ministres de vendredi dernier, Yannick Ongonwou Sonnet, jusqu’alors directeur général de l’Environnement et de la Protection de la nature, nous explique en quoi consistera précisément sa mission au sein de cette institution nouvellement créée. 

La Libreville : En tant que Haut commissaire, quel sera précisément votre champ d’action et votre rôle ?  

Yannick Ongonwou Sonnet : En tant que Haut-Commissaire, j’assisterai le Président de la République sur les questions liées à mes attributions. Le contrôle et l’exécution des politiques publiques en matière de protection de l’environnement et d’amélioration du cadre de vie, comme la gestion des déchets par exemple, en font partie. D’une manière générale, il est important que les lois votées, les textes adoptées soient effectivement appliqués et le soient avec efficacité. En particulier dans ce domaine où les enjeux sont vitaux. Créer un Haut-Commissariat sur le sujet a donc une vertu pratique mais revêt également un aspect symbolique. Cela montre que l’environnement, qui inclut la problématique de la salubrité publique, est une priorité absolue pour le chef de l’Etat et qu’en ce domaine, comme en d’autres, la culture de l’efficacité et du résultat doit prévaloir.

Qu’en sera-t-il de votre position institutionnelle par rapport au Président et au Gouvernement ?

Le Président de la République souhaite avoir un regard particulier et direct en matière d’environnement et d’ amélioration du cadre de vie. C’est cela qui justifie la création d’un Haut-Commissariat qui relève de son autorité, conformément aux dispositions de la loi n°20/2005. Je serai donc placé sous sa responsabilité directe avec l’ambition de créer une relation de travail efficace avec le Gouvernement, les collectivités locales et les autres acteurs du secteur chargés de ces questions. Il n’y aura pas concurrence mais complémentarité dans le sens de l’efficacité attendue par le Chef de l’Etat.

Quelles seront vos priorités ?

En matière de  protection de l’environnement ou de préservation du cadre de vie, il y en a beaucoup. Et elles sont toutes aussi importantes les unes que les autres. Avec mon équipe, nous proposerons très rapidement un schéma directeur qui sera soumis à la validation du Président de la République. Nous sommes d’ailleurs déjà au travail.

Aurez-vous capacité à agir en matière de collecte, de traitement et de recyclage des déchets, un point noir au Gabon ?

Le Président de la République attend des résultats très rapidement  notamment sur les questions de collecte, du transport et de traitement des déchets. Nous allons entreprendre un audit technique de la situation afin de cerner les difficultés du système actuel et y apporter des solutions à court, moyen et long terme. Notre ambition, encore une fois, est d’être efficaces dans l’exécution et d’obtenir des résultats. Les Gabonais doivent en ressentir les effets.

Au-delà de la nécessité écologique, le développement de la filière verte revêt un intérêt économique majeur. Le Gabon ne manque pas d’atouts ni de potentiel en la matière. Mais comment les exploiter au mieux ?

Le Haut-Commissariat, sous l’autorité du Président de la République, travaillera avec les administrations concernées afin de mettre un place un modèle d’économie verte. Les atouts, le Gabon les détient sans conteste. L’avantage du Haut Commissariat, c’est d’être chargé d’une mission de coordination des différents intervenants tant public que privé, ce qui lui permettra d’évaluer de manière précise et exhaustive les freins au développement de la filière verte, dans laquelle notre pays a beaucoup d’ambition, et de suggérer des solutions.

Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a fait de l’emploi sa priorité en 2019. Quel est, à l’horizon de 3 ou 5 ans, votre objectif en termes de création d’emplois dans ce secteur, toutes filières confondues ?

Pour l’heure, notre priorité est d’avoir des résultats sur notre périmètre d’action direct, conformément au souhait du Président de la République et aux attentes légitimes des populations gabonaises. Il est évident que nos actions auront un impact significatif dans plusieurs domaines sur le moyen et long terme, notamment en matière d’emploi. Nous en sommes convaincus. Une partie de l’avenir économique du Gabon se joue dans la filière verte.

Dernière question plus personnelle : vous êtes jeune, bien diplômé (ingénieur de formation), vous travaillez pour une grande multinationale de l’environnement (le groupe Suez). Pourquoi avoir fait le choix de retourner au Gabon ?

Le Gabon est ma patrie, mon pays. Il  était de mon devoir de mettre à contribution l’expérience acquise à l’étranger à son service. D’autre part, la préservation de l’environnement est sans doute le combat du siècle. De ce point de vue, le Gabon a un rôle décisif à jouer.