Grève au Gabon : un mouvement très peu suivi (AFP)

Jean-Rémy Yama (à gauche avec la barbe) et Jean Ping sont réputés très proches © DR

Des grèves sont en cours dans divers secteurs du Gabon pour protester contre des mesures d’austérité prises il y a six mois, mais aussi pour des raisons politiques, un mouvement assez peu suivi, a constaté mardi l’AFP. 

Lundi, la confédération syndicale Dynamique unitaire (DU) a lancé une grève générale nationale de trois jours et prévoit une marche mardi 18 décembre.

Mais cette grève était très peu suivie dans les administrations, les douanes, les transports ou encore l’enseignement, a constaté l’AFP à Libreville.

En août dernier déjà, Dynamique Unitaire avait tenté de faire descendre les Gabonais dans la rue. En vain. La mobilisation avait alors été très faible (inférieure à 1 % du nombre total de fonctionnaires). Hier et aujourd’hui, celle-ci a été encore inférieure.

Pour la confédération syndicale, il s’agit d’un camouflet. Cependant, cette faible mobilisation est tout sauf une surprise pour ce spécialiste des mouvements sociaux au Gabon. « Dynamique Unitaire a clairement un problème de ligne, d’agenda. Nombreux sont ses militants à reprocher aux dirigeants du mouvement de faire de la politique plutôt que du syndicalisme. Il est vrai que ceux-ci ont d’abord appelé à protester contre la décision de la cour constitutionnelle du 14 novembre dernier avant de se rétracter partiellement et de justifier les grèves d’aujourd’hui par les mesures d’austérité. Mais tout ça n’est pas clair et la base est déconcertée ».

De fait, les difficultés à mobiliser de la part du principal syndicat gabonais dans la fonction publique s’expliquent notamment par la fracture de plus en plus grande entre les dirigeants de cette confédération syndicale et la base des militants. Les seconds accusant les premiers de faire de la politique (Jean Rémy Yama, le président de DU, est très proche de l’opposant Jean Ping) au détriment de la défense des intérêts des fonctionnaires.

En effet, beaucoup prêtent à M. Ping la volonté de faire de DU un cheval de Troie politique. « L’opposant n’étant pas parvenu à mobiliser ses partisans dans la rue, il comptait en effet sur les grèves des syndicats pour tenter de bloquer le pays et faire vaciller le régime à un moment où celui-ci est affaibli par l’absence d’Ali Bongo », explique un professeur en science politique de l’UOB.

 

D’une manière générale, les mobilisations sociales ou politiques sont de moins en moins suivies depuis 2016 au Gabon, note l’AFP.