En même temps que la croissance, le Gabon retrouve le sourire. Selon la Banque des États de l’Afrique Centrale, la croissance économique du pays en 2018 devrait se situer entre 2,7 % et 3 %. Mais une bonne nouvelle ? Cela dépendra en réalité de ce que les autorités gabonaises en feront.
Après plusieurs années de marasme, l’économie gabonaise repart à la hausse. La croissance du pays devrait atteindre entre 2,7 et 3 % en 2018. C’est ce qu’a indiqué Abbas Toli Mahamat, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), qui s’est rendu au Gabon il y a quelques jours pour y rencontrer le président de la République, Ali Bongo Ondimba.
Cette solide performance s’explique par de leviers externes (hausse du prix du baril de pétrole, du cours du manganèse et, plus généralement, des termes de l’échange sur toute une série de matières premières) mais également intérieures, autrement dit qui résultent de décisions des acteurs publics et privés au Gabon : augmentation des investissements directs dans le secteur minier, confiance retrouvée des investisseurs en raison notamment du plan de règlement de la dette intérieure, etc.
Pour tenter d’enrayer le ralentissement économique, les autorités gabonaises ont élaboré en janvier 2017 un Plan de relance économique avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds monétaire international (FMI). « Ce cycle baissier semble s’éloigner. Mais maintenant, il va en falloir éviter d’autres pièges, ceux qui accompagnent le retour de la croissance », nous indique un spécialiste gabonais des questions économiques. Et celui-ci de s’expliquer : « les autorités pourraient être tentées de redistribuer à tout va le surplus budgétaire à venir ou de différer les réformes nécessaires, d’autant que nous sommes en période pré-électorales, traditionnellement propices en réformes de tout genre [NDLR : les élections législatives sont en effet prévues fin avril 2018]. »
Selon cet expert, il faut au contraire en profiter pour approfondir les réformes, notamment du secteur public, désendetter l’Etat et conforter le secteur privé, ce qui signifie faire le nécessaire pour favoriser la création d’entreprises au Gabon, ainsi que pour y attirer les investisseurs internationaux.
Un point crucial car les autorités gabonaises seront avant tout jugées sur leur capacité à créer de l’emploi. Des emplois qui dépendront précisément de la croissance d’un point de vue quantitatif mais aussi qualitatif. « Il faut éloigner le spectre d’une croissance sans emploi », conclut notre expert en guise d’avertissement pour qui « c’est l’enjeu numéro un au Gabon ».