Gabon : Soulagés par la perspective d’un sauvetage par l’Etat, les salariés de Pizolub demandent le départ du directeur général Guy Christian Mavioga

Le directeur général de Pizolub SA, Guy Christian Mavioga, est aussi connu pour son style haut-en-couleur © DR

Après avoir été reçu par le ministre du Pétrole le 10 novembre, le secrétaire général de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), Sylvain Mayabi Binet, a indiqué que le gouvernement s’était engagé à régler la situation de Pizolub. Dans leur très grande majorité, les salariés, qui accusent six mois d’arriérés de salaire, appellent au départ du directeur général de l’entreprise, Christian Mavioga, qu’ils accusent de mauvaise gestion. 

« Le ministre du Pétrole et du gaz nous a assuré que le gouvernement s’était engagé à relancer l’activité à Pizolub et prendre à sa charge les arriérés de salaire », a déclaré Sylvain Mayabi Bine à l’issue d’une rencontre le 13 novembre dernier avec le directeur général de la société Pizo de formulation de lubrifiants (Pizolub), Guy Christian Mavioga. Quatre jours auparavant, le secrétaire général de l’ONEP s’était en effet entretenu avec Vincent de Paul Massassa.

S’ils sont soulagés, les salariés de l’entreprise, dont le capital est détenu à 52,83 % par l’Etat, demande le départ de Guy Christian Mavioga et du reste de la direction, quand bien même les syndicats ne l’expriment pas pour l’heure officiellement. A leurs yeux, il est responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouve aujourd’hui Pizolub SA, dont l’endettement s’élève à près de 9 milliards de francs CFA.

Ils accusent tout à la fois l’actuel DG, connu pour son style vestimentaire flamboyant, d’être à l’origine de la perte des certifications précédemment obtenues par l’entreprise, de n’avoir pas pris en compte les recommandations faites lors d’audits financiers, de non paiement des impôts, de non versement des cotisations sociales, d’achats injustifiés de véhicules, d’arriérés de salaires, etc.

Népotisme

Parmi leurs griefs, ces salariés en mettent deux en avant en particulier : un prêt de 3,5 milliards obtenu d’Ecobank dont la destination n’est pas certaine, ainsi qu’une gestion népotique. Alors que les arriérés de salaire s’accumulent (6 mois, bientôt 7), 170 personnes ont été embauchées depuis février. « Principalement des proches du directeur général », souffle une source bien informée. Et celui-ci de citer la propre épouse du DG, Mme Ayo Adibet, qui émargerait à 15 millions de francs CFA de salaire par mois, ou encore son fils, Guy Geslyn Emane Nze, recruté comme chargé d’études, etc.

Pour ne rien arranger, « Guy Christian Mavioga n’aurait pas remis les pieds depuis le mois de juillet dernier au siège social de l’entreprise à Port-Gentil », indique un cadre de l’entreprise.

Dans ces conditions, et si toutes les allégations qui lui sont faites étaient avérées, « on voit mal comment celui-ci pourrait se maintenir à la tête de cette société », tranche un financier de la place de Libreville. « D’autant », ajoute-t-il, que pareille attitude est « à l’exact opposé de la lutte vigoureuse menée actuellement par les autorités gabonaises contre la mauvaise gestion et la lutte contre la corruption ou les détournements de fonds ». Un appel en somme au gouvernement à faire preuve de cohérence.