Gabon : Paulette Missambo une marionnette entre les mains de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi ? Début de fronde à l’UN

Jean Gaspard Ntoutoume Ayi est entre autre connu pour son penchant prononcé pour les lumières médiatiques © DR

L’Union nationale, ou ce qu’il en reste, n’en finit plus de se diviser. Plusieurs compagnons de la première heure de sa présidente, Paulette Missambo, commencent à s’agacer de l’attitude du vice-président et porte parole du parti, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, qu’ils accusent de vouloir être « calife à la place du calife ». Explications.

Jean Gaspard Ntoutoume Ayi agace. Pour tous ceux qui le fréquentent ou l’ont fréquenté, il n’y a là rien de surprenant. Cet ancien énarque, passé par le FMI (deux traits de sa biographie qu’il porte fièrement en bandoulière), est connu pour son égo surdimensionné. « Jean Gaspard est un homme intelligent. Mais hélais, il ne le sait que trop. Or l’intelligence ne se limite pas à l’accumulation de connaissances. Le savoir être en fait partie », confie un haut responsable de l’UN, le parti dont Ntoutoume Ayi est l’un des vice-présidents et porte-parole.

Or, de savoir-être, ou de tact, une qualité indispensable en politique, Ntoutoume Ayi en manque singulièrement. « En réunion, il monopolise la parole. Et lorsque l’on s’exprime, il nous coupe fréquemment. Souvent, il fait à haute-voix des commentaires désobligeants suite à nos interventions qui ne seraient pas selon lui au niveau », déplore une responsable du parti. Un brin de machisme ? « Peut-être. De la suffisance d’une manière générale surement », répond celle-ci.

Missambo, la « chose » de Ntoutoume Ayi

Mais à la tête du parti, ça n’est pas ce trait de caractère qui agace à titre principal. « Avec l’habitude, on finit par s’accommoder de tout », confesse un proche de Zacharie Myboto, l’ancien président de cette formation d’opposition. Non, ce qui gène davantage, c’est que « Jean Gaspard se comporte comme si c’était lui le président du parti et que Paulette Missambo était sa chose », explique un responsable de cette formation.

De fait, c’est lui qui dicte la ligne du parti. Une ligne controversée car calquée sur le collectif d’opposants « Appel à agir » (dont Ntoutoume Ayi est membre…) est dont la marotte, obsessionnelle, consiste à tenter de faire constater la vacance du pouvoir présidentiel. Une stratégie plus qu’hasardeuse comme l’a fait remarqué, avec un art consommé de la répartie le porte-parole du gouvernement Alain-Claude Bilie-By-Nze. « Depuis octobre 2018, la question de la santé du chef de l’Etat est le projet de société de l’opposition », a-t-il cinglé la semaine dernière (lire notre article). Du pain béni pour la majorité.

Mais Ntoutoume Ayi ne se contente pas de tirer les ficelles dans la coulisse, en pesant sur la ligne du parti. Il veut aussi les lauriers, la reconnaissance. Bref, son « quart de gloire médiatique », pour paraphraser le célèbre artiste Andy Wharol, comme lui a fait remarquer le secrétaire général adjoint 2 du PDG, Michel-Philippe Nzé, dans une réponse savoureuse à une énième tribune de l’intéressé.

« Erreur de casting » ?

Mais cette perception – le fait pour Ntoutoume Ayi de se mettre systématiquement en avant comme s’il était le président du parti – n’est pas l’apanage de la majorité, loin de là. Elle est avant tout le fait de l’entourage de Paulette Missambo. « Le problème, c’est que Jean Gaspard fait croire à Paulette qu’il lui doit son élection. Et que maintenant, elle a besoin de lui car il aurait, parait-il, de puissants réseaux dans les médias ou à l’international. Mais tout ça, c’est du vent », peste un compagnon de longue date de l’actuelle présidente de l’UN.

Il faut dire que le tempérament de la présidente de l’UN n’aide pas beaucoup. Au point que certains commencent à parler d' »erreur de casting ». « Paulette est d’un naturel effacé et Jean Gaspard lui, aime la lumière. C’est ce qui crée la confusion (…) en tout état de cause, cette situation n’est pas saine », s’inquiète-t-on dans l’entourage de Zacharie Myboto que Ntoutoume Ayi a, semble-t-il, pris de haut.

« POG » pourrait tirer les marrons du feu

Cette situation n’est pas pour déplaire à tout le monde. A commencer par Paul-Marie Gondjout, le candidat malheureux face à la Missambo lors du scrutin pour la présidence du parti en novembre dernier (le beau-fils de Zacharie Myboto ne s’est incliné que par une petite voix d’écart sur 642). La grogne dans l’entourage de Missambo, provoquée par l’attitude de Ntoutoume Ayi, pourrait directement lui profiter et le renforcer alors que celui-ci devrait annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2023 en fin de cette année (lire notre article). « Dans cette situation, POG apparait clairement comme un recours. C’est le seul qui pourrait nous sortir de cette ornière », veut croire un ex-ministre, membre du parti (lire notre article).

Quoi qu’il en soit, pour ses militants, aujourd’hui déboussolés, l’UN incontestablement a besoin d’un ou d’une président(e) plus affirmé(e), et non effacé, qui donne – à tort ou à raison – l’impression d’être manipulé.